The Antidote est sorti sur le label anglais Buttercuts, tout comme celui, très recommandable, de FBCfabric et de Reindeer. Mais c’est bien là leur unique point commun. Le truc des BC400 (Code:Breaker, Wildeye et Cultcam au emceeing, Christabel et David Boomah au chant, Uncle P et DJ Buttafingaz à la production), c’est autre chose, c’est une sorte de hip-hop assez commun en Angleterre, un rap funky, dansant, plus mélodique et moins aride que son homologue américain, avec en plus une pincée de sons jamaïcains et une légère saveur old school. Une musique libre, affranchie, mais fidèle à un certain hip-hop orthodoxe dans son engagement politique, son style battle et ses attaques contre les fake MCs. D’ailleurs, l’antidote en question, vous l’aurez deviné, c’est celui destiné à remédier à la dégénérescence supposée du genre.

BC400 - The Antidote

Il n’est pas certain que ce rap soit si original que les gens de BC400 le souhaiteraient. Il n’est pas certain non plus qu’il soit un remède à quoi que ce soit. Mais il contient quelques passages à retenir, comme le petit tube sautillant "Goldrush", le grime ou pas loin de "Got the Flow", le R&B en crescendo de "Just Because" et ses impressionnantes percussions, le joli instrumental de "Bell Rings, Dog Salviates", celui tout en guitare de "Run to the Hills", un "Early Hours" jungle funky en diable et un single,"Toastmasters", mi-rap mi-ska et entraînant comme tout. Rien de sensationnel, me direz-vous, mais rien de désagréable non plus, s’il n’y avait le détail suivant : Cultcam, l’un des rappeurs du groupe, est un français. Et c’est bien là tout le drame.

Un rappeur français, ça ne s’invite nulle part, jamais. Un rappeur français, ça n’est pas présentable. Un rappeur français, ça vous gâche tout, ça vous démolit tout. Ça vous ramène des tas de lieux communs sur la politique, sur la corruption des businessmen et sur les vilaines maisons de disque. Comme d’autres rappeurs me direz-vous, mais avec cet ignoble premier degré et ce côté pontifiant bien de chez nous. Un rappeur français, ça vous raconte des histoires de néo-libéralisme incompatible avec l’humanisme. Ca vous fait rimer "Ben Laden" et "règne la haine". Ca vous étale cet insupportable antiaméricanisme gaulois bolchévo-lepéniste. Ça vous sort le pire des morceaux anti-Bush (et Dieu sait qu’il en existe) avec la totale sur l’Irak, les élections truquées et le rejet du protocole de Kyoto. Pire que tout, un rappeur français, ça peut inviter un confrère et proclamer avec lui ce puissant leitmotiv : "on en a marre !".

Ouais, moi aussi j’en ai marre du rap français, surtout quand il débarque là où je ne l'attendais pas, là où je croyais être à l'abri. Alors je profite du présent article pour faire passer le message suivant : my English-speaking friends, please listen to me. You need to keep your distance from French rap. This thing is a nightmare, it's an abomination. It sucks. It really does. Definitely.

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