En 2003, Maker sort son premier album, Honestly. A première vue, cela n'est qu’un disque de producteur de plus. De prime abord, à part peut-être l’excellent "Uphill Climb", rien de fondamental ne semble se dégager de cet ensemble qui alterne, selon une formule éprouvée, plages instrumentales et titres rappés. La liste des gens invités alors à poser leur voix sur les instrumentaux de Maker a pourtant de quoi mettre la puce à l’oreille. Elle comprend une belle brochette de rappeurs de Chicago (Qwel, les Nacrobats, Lord 360, Thawfor) et quelques voix venues de plus loin (Adeem des Dorian Three, Josh Martinez et Governor Bolts).

MAKER - Shooting the Breeze

Tous ces gens importants du réseau underground ne se sont pas retrouvés par hasard. Mais ce n’est qu’au fil des mois et des écoutes que l’album prend de l’ampleur, qu’il révèle sa vraie saveur et le potentiel de Maker. Un potentiel largement confirmé depuis avec deux des meilleurs albums sortis ces dernières années, le Seconds Away de Glue (Adeem, Maker et DJ Dq) et The Harvest, disque commun avec Qwel.

La même impression se dégage de Shooting The Breeze, le nouvel album du producteur, son premier solo véritable. Celle d’un hip-hop instrumental agréable, bien foutu, mais ordinaire. Sans doute conscient qu’un disque sans parole peut rapidement lasser, Maker a épicé son plat d’arômes exotiques, sitars sur "Mango Lassi" et chants indiens sur "Augusta 90B", reggae sur "Remember The Name", voix latine sur "La Saluda". Il s’est permis aussi de poser des "lala" easy listening sur "Shooting The Breeze". Et il s’est livré à un véritable travail de fourmi sur les percussions, très présentes.

Cependant, la fâcheuse impression de banalité perdure. Et cette fois, elle peine à s’estomper. Il y a bien quelques moments haletants, comme ce "Live It" en deux mouvements. Mais ironiquement, et tout compte fait fort logiquement, l’unique titre véritablement saillant de Shooting The Breeze est "Broken Promises", le seul où figurent quelques paroles, reprises par Maker à quelque chanteuse hippy. Le reste peine à décoller. Prudence, toutefois. Patience. Car c’est toujours sur le long terme, qu’un nouveau Maker s’apprécie.

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