Alors, en préalable, un grand avertissement : je suis un béotien en matière de musique électronique. Je n’y connais pas grand-chose. Je n’ai pas plus d’une cinquantaine de disques de ce genre dans ma discothèque. Ce n’est pas si mal, dîtes-vous ? Oui, peut-être. Sauf qu’il s’agit davantage de trucs de pop bâtarde plutôt que d’électronique pure et dure. Cependant, je l’aime plutôt bien ce Tracktitle de Made. Il y a des choses pour les types comme moi, là-dedans.

MADE - Tracktitle

Pourtant, au départ, cela n'a rien de bien engageant. L’album s’ouvre sur un "Fonda" glacial, du genre à ouvrir un film à suspens sur les horreurs insondables de l’espace intersidéral. C'est à peu près pareil sur tout le reste du disque, d'ailleurs. Cela n’est jamais beaucoup plus lumineux que le vert glauque et le noir opaque de la pochette. Mais rapidement, le disque prend du rythme. Un petit rythme sautillant et subtil sur "Ran", puis plus soutenu sur "0104". Un rythme heurté pas très loin, osons le dire, de ce que l’on entend dans le hip-hop (écoutez certains passages de "Budd" si vous en doutez). Avec toujours, en sus, des nappes pas rigolotes mais qui font mouche. La suite du disque est sur le même mode, avec tout juste deux ou trois joyeusetés supplémentaires, gimmick bondissant sur "Entwist", bout de voix sur "Vear One", cymbale sur "IW", synthé franc et massif sur "Carrie Delta". Sans oublier un excellent "Arch" dansant mais d’une beauté froide, sans doute ce que Tracktitle a à nous offrir de plus funky.

Cette description pour le moins sommaire pourrait s’appliquer à la majeure partie des sorties de musique électronique ? Peut-être. J’en sais rien. Je ne suis qu’un misérable amateur, vous dis-je. Et puis tout compte fait, c’est logique si cela sonne déjà entendu, puisque derrière le pseudo de Made se cache Mike Williamson, un Mancunien actif depuis belle lurette sur la scène électronique et qui a traîné ses guêtres auprès du label Skam. Et sur Tracktitle, me semble-t-il, il y a ce qu’il faut de mesure, de dosage, d’équilibre, pour transformer un disque de musique électronique comme les autres en bon disque de musique électronique. Au moins dans la première moitié de l’album, car après, cela se tasse un peu, mis à part la jolie nappe de "Numa" et le robotique "Zero Four Three" de conclusion. Grâce à cette première brochette de titres impeccable qui trouve son apothéose avec "Carrie Delta" et "Arch", Tracktitle est fait pour moi.

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