Avant cet album, Die Young n'avait jamais semblé le plus remarquable des Shape Shifters. Il avait beau s’époumoner comme un diable avec sa voix enrouée de rock star exaltée, il n'avait pas le charisme d'un Awol One ou d'un Existereo, ni la singularité d'un Circus. De leur côté, même si cet autre homme était au centre de la scène rap indé californienne, de par son site et label LA2theBay, les beats du producteur Deeskee avaient parfois manqué d'audace et d'aventurisme.

DIE YOUNG & DEESKEE - Ravish

Chacun, pourtant, a su sortir quelques albums notables de la scène West Coast Underground. Pas des chefs d'œuvre, non, mais des disques attractifs et plaisants. 2003 a été leur grande année, Die Young ayant proposé avec le producteur M. Fusion un chouette Dead Air Project, tandis que Deeskee a sorti ses propres Blacklight Sessions, ainsi que ses projets de fusion rap / free jazz avec Awol One et The Grouch.

Les deux continuent sur cette lancée avec leur album commun, un exemple d'alchimie réussie entre un rappeur et son beatmaker. Ecoutez séparément les raps et les beats de Ravish et vous retrouvez nos bons vieux compères dans leurs registres usuels. Mais dans le même temps, sur ce disque-concept inspiré par les films d'horreur (Die Young y incarne un chasseur de vampires), ils se montrent très bien assortis.

Avec Deeskee, Die Young trouve l'appui idéal, celui qui met en valeur sa voix rauque de rockeur torturé, à grands coups de guitares ("Dazed", "Run Into The Sun", "Vampire Hunter", "All of Me"), de piano mélancolique ("Chainletter") et de samples certes cramés mais futés (les premières notes du "Caroline No" des Beach Boys sur "White Oleander", ou celles du "Child In Time" de Deep Purple sur "Carnival").

Sur Ravish, Die est chez lui, il dicte les règles, il fait son truc. La preuve, quand des rappeurs mieux cotés que lui viennent lui rendre visite (Busdriver et 2Mex sur "Dissapear", Existereo et Awol One sur "Ghostwriters"), ça ne fonctionne plus vraiment. Seul le renfort d’Akuma et de LifeRexall sur "Chainletter" apporte quelque chose, sans doute parce que les trois rappeurs ont l’habitude de se côtoyer au sein des Chainsmokers. Die, en fait, n'a ici besoin de nul autre que Deeskee pour achever l'un des albums les plus sympathiques et les moins inégaux jamais proposés par les Shape Shifters.

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