Lex Records / PIAS :: 2003 :: acheter ce disque

Aux allures de compilation de Personal Journals et à ses cohortes de beatmakers, Hope oppose une grande unité de son. Présent derrière chaque titre (hormis un "That ain't Right" produit par Sixtoo), Joe Beats ne s'adonne à aucune bizarrerie anticonienne. Lui préfère un hip-hop de facture académique, avec scratches sans surprise, boucles classiques, références multiples aux grands anciens et ce qu'il faut de samples de guitare pour attirer l'oreille des non rappeurs. Et cela marche, cela fait son œuvre, en dépit de nombreux passages indigents, voire carrément indigestes ("Mainstream 307" et "Xaul Zan's Heart" par exemple).

Cela marche, car il y a Sage Francis. Que c'est sur lui et non sur des beats en demi-teinte qu'il faut se concentrer. Et qu'il est bien sûr excellent, ce qui le distinguera toujours de gens, des Sole et des Alias par exemple, qu'il a trop fréquentés. Les prods peuvent être poussives, convenues, sans imagination, cela ne gâchera jamais rien tant que Sage saura les habiller, qu'il saura s'emballer, s'emporter ou s'adoucir au moment opportun, tant que son phrasé évitera les deux écueils du ton récitatif et de la débauche technique, tant qu'il sortira des "I'm not left wing, I'm not right wing, I'm the middle FINGER" et tant qu'il sera capable d'ajouter au "Life's not a bitch, she's a beautiful woman..." d'Aesop Rock (lui-même une réponse au "life is a bitch" rabâché par Nas et par d'autres) un excellent "Life is not a bitch, she's just sick of being personified".

Sage Francis est bon, dommage que Joe Beats le soit moins, qu'il tire cet album vers le bas et transforme ce qui devait être une grande oeuvre en disque simplement agréable. Dommage car quand les sons s'avèrent à la hauteur, comme vers la fin et sur la somptueuse douceur jazz qu'est "The Cure", les Non-Prophets démontrent qu'ils sont en mesure de pondre de petits bijoux.