Revoilà les affreux, les vilains, les pas beaux avec leur rap d'outre-tombe, leur hip-hop d'horror movie. Pour la quatrième fois, les Astrobastards nous proposent un mix de choix, dont apparemment, une fois de plus, il sera impossible de s'échapper. Au programme, les habitués ou les incontournables (Kool Keith, MF Doom version Viktor Vaughn, les gens de Co-Flow en groupe et en solo, Sonic Sum, Aesop Rock, Vast Aire), les moins connus (Creepozoids, Kice of Course, Ricci Rucker) et quelques ovnis pas si ovnis que ça, vu l'ambiance générale (Modeselektor, Dizzee Rascal). Le tout mixé avec science et ajusté au poil, cela va de soi : il en est toujours ainsi, nous avons affaire à des pros.
Escape from Kaïhoro dure plus d'une heure, mais il y a peu à jeter, pas de temps mort (à part peut-être l'ineptie NMS). Parfois nos bâtards cosmiques choisissent un artiste qui, sur l'ensemble de sa carrière, peine à convaincre. Cependant, c'est toujours pour en tirer l'un des meilleurs morceaux, celui qui tue. Ainsi de Y@k Ballz et de sa déclaration de guerre aux nerds, ou de l'inusable "Get A Hold", seule vraie tuerie échappée du dernier album en demi-teinte d'Offwhyte.
Alors, que reprocher aux Astrobastards au bout de quatre mix rondement menés ? De perdurer ? De ne pas vraiment se renouveler ? De poursuivre une longue histoire d'amour avec des El-P et des Big Jus, des Cage ou des Vast Aire, aujourd'hui bien défraîchis ? De perpétuer, en 2003, ce rap de science-fiction sombre, poisseux et terroriste estampillé 96/2000 ? Peut-être. Cependant, imaginez-vous les Astrobastards autrement que sombres, poisseux et terroristes ?