Lex Records / PIAS :: 2003 :: acheter ce disque
En début d'année 2003, Tes semble le seul à même de porter sur ses épaules l'honneur du rap new-yorkais indépendant. A moins qu'à l'abri de ses tréfonds, quelque collectif aujourd'hui méconnu nous prépare en cachette quelque chose de grand, la métropole qui a vu naître le hip hop et qui est demeurée de longues années à son avant-garde, seule ou à parité avec Los Angeles, n'est plus aussi excitante qu'autrefois. Le ver est dans la Grosse Pomme, via la débandade de Def Jux & co et la fin déjà lointaine de la période faste de Fondle'em.
Dans de telles conditions, inutile de préciser à quel point ce premier véritable album de Tes était attendu. Par la grâce d'une poignée de titres assez exceptionnels, "Acts of Tragedy", "Sound Investments" et "Mouth of the River" sur Take Home Tes, "Change" sur la compilation française Projet Chaos et "Big Shots" sur la compilation anglaise Lexoleum, le rappeur new-yorkais s'était déjà vu qualifier ici ou là de "relève de Company Flow". Tout "rappeur exigeant" normalement constitué s'exciterait pour moins que cela. Mais comme nul n'a jamais été prophète en son pays, c'est le label anglais Lex qui sort son premier véritable album en Europe sous un packaging inventif.
La bonne nouvelle sur X2, c'est que Tes s'est renouvelé, qu'il ne s'est pas cantonné à la veine apocalyptique creusée sur Take Home Tes. Même si l'album a ses moments de dureté, les guitares acoustiques ont aussi droit de cité, ce dès l'entrée en matière posée de "Say When". Le phrasé singulier, les beatboxes et les sifflements de "Trigger da Whistler" en font un autre titre original. Et c'est carrément les grands orchestres disco, des "oh yeah" et des "in the city" bien sentis qui sont de sortie sur "New New York".
La mauvaise nouvelle, en contrepartie, c'est que ni cet hymne ni les autres titres ne parviennent à approcher de près la seule vraie tuerie de l'album, le génial mais déjà connu "Big Shots". Times Two est globalement bon, mais tout le potentiel entrevu sur les morceaux cités plus haut peine à s'y déployer pleinement, il est gâché et dissimulé par un hip hop pas loin d'une plate normalité, si l'on excepte le flow aigre, haché menu et impeccable de Tes. Mais bon, trêve de pinaillages et de réflexes d'enfant gâté. Sur la longueur, X2 suffit malgré tout à préserver le prestige et sinon l'existence d'un rap new-yorkais "underground" devenu moribond.
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