Difficile de ne pas juger Sex, Darwinism & The Jungle of Hades à l’aune de Electric Third Rail, EP sorti en 2000 dans une relative confidentialité par 4AM et Octavius, et qui mérite aujourd'hui d'être redécouvert. Pourtant, la ressemblance entre les deux disques n'est pas totale.

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Difficile de ne pas juger Sex, Darwinism & The Jungle of Hades, premier disque de 4AM (alias Jason Chavez) à l’aune de Electric Third Rail, EP sorti en 2000 dans une relative confidentialité, mais qui mérite aujourd'hui d'être découvert ou redécouvert. Ce disque recommandable concocté avec Octavius est en effet le principal fait d’arme du producteur. A premier abord, pourtant, et malgré quelques réminiscences (les morceaux "Murder me" et "Speed Limit Nightfall Version" reprennent des sons de "A Cure", le titre le plus marquant de Electric Third Rail), la ressemblance entre les deux disques n'est pas totale.

Plus long, plus éclaté et plus hétérogène, ce nouvel album n'a pas la continuité étouffante de son prédécesseur. Surtout, il s'éloigne plus encore des territoires hip hop. Les raps noirs et soutenus d'Octavius ne sont plus là, et 4AM n'est plus astreint à la thématique urbaine que lui imposait son acolyte, il est laissé à lui-même et à ses instrumentaux. Le beatmaker met donc à profit cette liberté et ne se limite pas à lancer un sample de violon sur un beat métronomique de 90 bpm. Ce disque est un immense réceptacle pour samples démembrés. Tous les registres s'y bousculent, du film à suspense à la séance de scratches minutieusement retraitée à la machine. Des voix sont là aussi. Elles parsèment l'album, le hantent presque, ici et là, qu'elles soient masculines ou féminines, chantées, slamées ou, tout de même, rappées. Ici, un interprète évoque Mike Ladd ("The Room"), là une femme nous rappelle inopinément qu'un trip hop de qualité a peut-être existé autrefois, et en fin de course ("Speed Limit Nightfall Version"), c'est un rappeur qui clôt l'album, à l'occasion du titre le plus somptueux et radicalement bien de toute la sélection.

Sex, Darwinism... est un bon album. L'espèce de résumé qui survient en ghost track, passage en accéléré de tous les moments du disque, est là pour le rappeler. Quoique sensiblement différent de Electric Third Rail, ce nouvel enregistrement sait comme lui ruser avec l'auditeur, lui jeter en pâture quelques titres tout de suite intrigants ("Sorry Wrong #", "Deceitful", et ce fabuleux "Speed Limit Nightfall Version"), pour mieux l'inviter à revenir explorer le brouillard sonore qui les entoure. Et mieux découvrir, sans brusquerie ni traumatisme, deux années du travail accompli par 4AM.