Ninja Tune / PIAS :: 2002 :: acheter ce disque

Jusqu'ici, l'aventure anglaise de Dose One s'est révélée fructueuse. Elle lui a ouvert quelques portes, donné lieu à des collaborations intéressantes et, de façon plus discrète, elle a permis à Fog d'arriver jusqu'à nos oreilles. Andrew Broder aurait pu rester pour toujours confiné à son Minnesota natal, avec pour seule gloire la participation à un groupe de post rock obscur, Lateduster. Mais introduit dans les cercles britanniques adéquats par son ami le rappeur d'Anticon, son groupe Fog se retrouve signé chez Ninja Tune, seul label à lui permettre de sortir sur une grande échelle un premier disque particulièrement foutraque, déjanté et inspiré.

Fog s'essaye à tout, à vraiment tout, façon Beck d'un nouveau genre, plus spontané et moins machiavélique que l'original. L'excellent mini-hit "Pneumonia", sorte de duo imaginaire entre Neil Young et le DJ fou Kid Koala, avait déjà démontré que Broder était une éponge sonore et stylistique. L'album le confirme, avec son cortège d'influences autant hip hop que pop. Sur The Fog, on s'imagine entendre autant les compères d'Anticon ("Smell of Failure"), que les arpèges de guitare de Sonic Youth ("Fool"), qu'un Shadow tout tourneboulé ("Truth & Laughing Gas") ou que les vocalises exacerbées de Thom Yorke ("Ghoul Expert").

Tout cela se suit, s'enchaîne, se télescope, oscille entre réelle inspiration et fantaisie de collégien, et prouve que la rencontre entre Broder et Dose One n'avait rien de fortuit. Nous avons bien là affaire à la même espèce d'artiste malingre et timide incapable de se mettre à nu sans de multiples bruitages et autres zigouigouis sonores. Si vous cherchiez désespérément du Anticon-like bien plus orienté rock que hip hop, ce disque est pour vous ; et en plus il est plutôt bon.