Il y a deux ans, Gunplay sortait le single "Pyrex Poppin". Et soudain, c'était comme si nous étions revenus dix ans en arrière. C'était à nouveau cette pose nihiliste, ces histoires de violence et de drogue accompagnés de la musique idoine, avec en sus des onomatopées, des "M-M-Maybach Music" et l'intervention du parrain du rappeur, Rick Ross. C'était un chouette titre, qui nous ramenait droit au temps où le Floridien dévastait tout sur son passage avec sa grosse voix rauque, où on aurait parié qu'il deviendrait le grand rappeur des années 2010, avant que la baudruche ne se dégonfle et que ne succèdent plus aux mixtapes provocatrices et incendiaires des débuts, que des albums mi-figue, mi-raisin.

GUNPLAY - ALL Bullshit Aside

Mi-figue mi-raisin, son dernier opus l'est aussi, même s'il signe un retour aux fondamentaux de brute impénitente. Le Gunplay de Off Safety, celui de Inglorious Bastard, de Bogotta Rich et de 601 & Snort ne reviendra pas. Il est grillé.

Cependant "Pyrex Poppin" est là, avec d'autres titres bien sales qui tapent bien fort, tel que cet "Aunty Hold Up" augmenté de sirènes, "Paranoid" et ce "Pull da Mask on" postillonnant. Qui plus est, Gunplay s'est offert les invités adéquats : outre Rick Ross, des notoriétés comme Boosie ("Up N Geeked") et Jim Jones ("Oath"), ou des proches comme King Paso, Felipe Luciano et Young Breed, entendus tous ensemble sur un "Body Count" menaçant comme il faut.

Bref, cet album ne s'intitule pas All Bullshit Aside sans raison. Cette fois, c'est fini, on arrête les conneries. Et pourtant, des déchets subsistent. Des tentatives tombent à l'eau, elles sont des pétards mouillés. Sans être totalement mauvais, le conclusif et mélancolique "Bible Off Da Dash" peine à rappeler le morceau emblématique dont il détourne le titre. Plusieurs passages sont fadasses et mollassons. La rage s'est émoussée. Le feu sacré n'est plus que cendres, seules subsistent quelques braises. All Bushit Aside n'est pas un grand album, très loin s'en faut. Mais par instants au moins, il nous laisse entrevoir celui que Gunplay aurait dû être.

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