Si 2009 a été un grand moment de la carrière de Gucci Mane, il en a été de même pour ses protégés du 1017 Brick Squad. C'est cette année-là, en tout cas, que l'un de ses membres les plus remarquables, Otis Williams Jr., alias OJ da Juiceman, a sorti avec DJ Holiday ce qui est sa mixtape de référence, Alaska in Atlanta. Avec ce projet, en propulsant sa ville dans l'Etat américain le plus septentrional, le rappeur exploitait une fois encore le champ lexical du froid et de la glace, déjà largement employé par son mentor pour vanter la valeur et la classe des ses bijoux (tous ces "burr", ces "icey", etc.), voire, sans doute aussi, pour faire allusion à la cocaïne.

OJ DA JUICEMAN - Alaska in Atlanta

32 Entertainment :: 2009 :: télécharger la mixtape

OJ da Juiceman a côtoyé Gucci Mane depuis l'adolescence, ayant grandi dans le même quartier, et il évolue dans le même univers rapologique, celui d'une trap music burlesque, remplie de bons mots, qui joue à plein de l'absurde, et qui repose sur des mélodies synthétiques entêtantes. Il serait pourtant réducteur d'en faire un clone. Avant même 2009, le rappeur a eu une longue vie sur la scène d'Atlanta, ayant créé sa propre structure, 32 Entertainment, et sorti quelques mixtapes notables, notamment Culinary Art School l'année d'avant. Et quand l'autre privilégie un flow tranquille et débonnaire, celui-ci opte pour un phrasé plus soutenu et dynamique, le rythmant de "aye!" et de "okay!" (et parfois de "burr") déclamés d'une voix haut perchée, avec une fréquence à la limite de l'horripilant.

OJ da Juiceman aime son rap quand il est mené tambour battant, et il parvient à ses fins sur cette mixtape. Produite par Drumma Boy, Fatboi et Lex Luger, elle ne souffre d'aucun temps mort. Elle attaque d'emblée avec un tube, "Burr Beer", et plus tard elle nous offre ces "Midget" et "Early Morning Trapping" redoutables, servis par ces sons fracassants typiques de Lex Luger, puis les chœurs craquants de "Oowee Mad", la guitare et les chants d'enfants de "Ooh Boy", le libidineux "In the Club", et aussi "Vegetarian", "Damn", "Pop Tags", tous des tubes ou presque.

Malgré sa longueur (75 minutes), il y a peu de place pour l'ennui sur Alaska in Atlanta. Qui plus est, DJ Holiday la ramène ici bien moins que d'habitude avec ses hurlements insupportables, et la mixtape ne s'éloigne jamais totalement du thème unificateur du Grand Nord, via l'usage immodéré de métaphores et autres figures de style nous parlant d'ours polaires, d'esquimaux, d'igloos ou de températures au-dessous de zéro. Tout cela aidant, ce projet était sans doute la chose la plus consistante jamais délivrée à ce jour par notre ami Jus d'Orange l'Homme Jus.