Sounds Are Active :: 2006 :: acheter cet album
Produit par Alkaline et par Accident, Bloodshot Mama avait toutes les caractéristiques de cet indie rap déjanté et affranchi de l'orthodoxie hip-hop : une pochette pas franchement dans les standards rap, des références iconoclastes (entre Can, PiL et Squarepusher, lisait-on dans le dossier de presse) et une voix aigrelette de petit Blanc, peu affirmée, mais compensée, soit par des rappeurs plus charismatiques (4 Ever et Awol One, avec son imparable flow de léthargique, sur "Drifter" ; Yarah Bravo, l'ex-protégée de l'Anglo-russe DJ Vadim, sur "Shark Skin Humans"), soit par des instrumentations audacieuses et imprévisibles.
Les sons, en effet, faisaient feu de tout bois, passant de l'acoustique tranquille d'une guitare folk à la grosse artillerie synthétique, parfois en un clin d'œil ("Dreams of Sparrow", "Liquid Beast"), offrant un refrain à la voix d'un enfant ("Suicide Bomber's Parade"), partant sur un instrumental apaisé à la limite du new age ("Mount Washington Blue and Red"), déformant les voix à loisir ("Blank Forest"), célébrant les épousailles kitsch entre un clavecin et des voix évanescentes ("Drifter"). Bizzart et ses collaborateurs jouaient du tout, des dissonances et de bruits indéfinis (le début de "Stumbing Blocks"), de plages saucissonnées en de multiples mouvements, de gros roulements de batterie, de violons déchainés ("Dreams of Sparrow") et de crescendos enflammés, dans un style assez proche de Dälek, comme avec le finale somptueux de "Blank Forest".
Tout cela était bien sûr déraisonnablement varié, décousu, parfois même emphatique. Mais d'une durée idéalement limitée, et habité par les paroles déclamées dans l'urgence du principal protagoniste, ce nouvel avatar d'un rap blanc, psychédélique et postmoderne se montrait passionnant de bout en bout.
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