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BIZZART - Bloodshot Mama

Albums rap

BIZZART - Bloodshot Mama

En voici au moins un qui annonce la couleur avec son pseudonyme. Celui qui se fait appeler Bizzart (Arthur Arellanes III, de son vrai nom), est bel et bien tout cela à la fois : bizarre et arty. Venu du spoken word et de l'underground californien (il a côtoyé Blackalicious), il persévère dans le rap de nerd touche-à-tout, mutant, intime et expérimental représenté par Anticon autour de 2000. Mieux, avec quelques années de retard, il en propose une version aboutie.

BIZZART - Bloodshot Mama

Produit par Alkaline et Accident, Bloodshot Mama a toutes les caractéristiques de cet indie rap déjanté et affranchi de l'orthodoxie hip-hop : une pochette à rebours des standards rap, des références iconoclastes (entre Can, PiL et Squarepusher, dit le dossier de presse) et une voix aigrelette de petit Blanc, compensée, soit par des rappeurs plus charismatiques (4 Ever et Awol One, avec son imparable flow de léthargique, sur "Drifter" ; Yarah Bravo, l'ex-protégée de DJ Vadim, sur "Shark Skin Humans"), soit par des instrumentations audacieuses et imprévisibles.

Les sons, en effet, font feu de tout bois, passant de l'acoustique tranquille d'une guitare folk à la grosse artillerie synthétique, parfois en un clin d'œil ("Dreams of Sparrow", "Liquid Beast"), offrant un refrain à la voix d'un enfant ("Suicide Bomber's Parade"), partant sur des sons apaisés à la limite du new age'("Mount Washington Blue and Red"), déformant les voix à loisir ("Blank Forest"), célébrant les épousailles kitsch entre un clavecin et des voix évanescentes ("Drifter"). Bizzart et ses collaborateurs jouent du tout, des dissonances et de bruits indéfinis (le début de "Stumbing Blocks"), de plages saucissonnées en de multiples mouvements, de gros roulements de batterie, de violons déchainés ("Dreams of Sparrow") et de crescendos enflammés, dans un style proche de Dälek, comme avec le finale somptueux de "Blank Forest".

Tout cela est déraisonnablement varié, décousu, et parfois emphatique. Mais d'une durée limitée, et habité par les paroles déclamées dans l'urgence du principal protagoniste, ce nouvel avatar d'un rap blanc, psychédélique et postmoderne se montre passionnant de bout en bout.

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