Il y avait de tout sur ce premier véritable album du Californien Peanut Butter Wolf, en fait une compilation. Tous les styles du moment trouvaient leur place. Rap mature ou straight in your face, beats originaux, tournures expérimentales, accents old school ("Keep On Rockin It" avec le regretté Charizma), clins d'œil aux anciens, à commencer par le titre, dérivé du "My Uzi Weighs a Ton" de Public Enemy. Et beaucoup, beaucoup de turntablism : "Casio" avec Babu, "Phonies" avec DJ Design, et surtout ce monstrueux "Tale of Five Cities" impliquant rien de moins que 11 DJs (Beat Junkies, X-Ecutioners, Cut Chemist, Kid Koala).

PEANUT BUTTER WOLF - My Vinyl Weighs a Ton

Stones Throw :: 1999 :: acheter ce disque

L'album photographiait cette scène californienne au bon moment. Quelques mois avant de proposer deux des meilleurs albums jamais sortis sur Stones Throw, Soundpieces: Da Antidote (1999) et The Unseen (2000), Lootpack et Quasimoto / Madlib offraient l'aperçu d'un talent encore intact ("Styles, Crew, Flows, Beats"). Avant de devenir les représentants d'un hip-hop conservateur et plat, d'un underground sans idée, Planet Asia ("In Your Area") et Rasco (cet excellent "Hold Up") pouvaient être encore pertinents avec leurs raps percutants et assurés.

Le cachet arty de la Baie de San Francisco, la proximité de PBW avec un DJ Shadow au faite de sa gloire, avaient alors fait une petite publicité à ce disque, distingué jusqu'à la critique rock, annonçant la surcote dont bénéficierait longtemps l'artiste maison Madlib, au-delà même des cercles hip-hop. Pourtant, avec My Vinyl Weighs a Ton, Peanut Butter Wolf clôturait davantage cette décennie 90 où il avait œuvré dans l'ombre, qu'il n'annonçait la suivante.

Tout n'était pas parfait sur cet album compilation bourré à ras-bord. Les coups de génie qu'étaient le "Breaks 'Em Down" de Kazi et le "Interruptions" de Zest, futur the Smoker, produits de main de maître par notre loup au beurre de cacahuète, côtoyaient des morceaux nettement moins marquants comme "Rock Unorthodox", "Definition of Ill", "Mobbin" et "Necromancin", et quelques passages humoristiques se montraient sans grand intérêt ("Theme from a Peanut Butter Wolf").

Pour découvrir le véritable grand album de PBW, certains préféreraient se tourner vers Big Shots, en 2003, témoignage posthume du duo qu'il formait autrefois avec Charizma. My Vinyl Weighs a Ton, ça remplissait une autre fonction, celle d'échantillon représentatif du hip-hop indé circa 1999. De fait, il n'y a toujours rien de mieux que ce disque pour se replonger dans l'ambiance de cette période charnière pour le rap, dans cette époque qui en a émoustillé plus d'un, à l'aube de nouvelles transformations du hip-hop, avant une fragmentation sans cesse plus grande entre sa version grand public et ses multiples undergrounds.