Une fusion entre rock et hip-hop, ça vous tente ? Bon, d'accord, l'exercice n'est pas neuf. L'expérience a été renouvelée maintes fois depuis les albums saturés de riffs heavy metal sortis sous l'égide de Rick Rubin, sans oublier les braillards de RATM et leurs platitudes dignes d'un bloggeur anti-Sarkozy. Cependant, depuis quelques années, surtout si l'on est apparenté à la scène rap indé, c'est d'abord vers la frange sensible, fragile et intimiste du genre qu'on se tourne quand il est question de crossover. On s'oriente vers les mélodies de la pop, vers la fragilité du folk, vers du dépouillé ou du tarabiscoté. Résultat : il faut bien avouer que les disques de Why?, de Ceschi ou d'Astronautalis, aussi bien fichus soient-ils, manquent souvent d'arrogance, de testostérone, d'irrévérence et, parfois, de fun.

THE SATURDAY KNIGHTS - Mingle

Light in the Attic :: 2008 :: acheter ce disque

Mais les Saturday Knights, eux, n'y vont pas avec le dos de la cuillère. Nouveau side project de Barfly (Oldominion, Candy's 22, Norman), de MC Tilson et de DJ Suspence, épaulés par un ex Dub Narcotic Sound System (Brian Weber), par des vétérans du grunge venus en voisins (Kim Thayil de Soundgarden et le producteur du Bleach de Nirvana), par un collaborateur occasionnel des Beach Boys et des Beatles (Jim Horn), rien que ça, et par bien d'autres encore, le groupe renoue avec la rock'n'roll attitude, avec un rap de mauvais garçons bardé de chœurs de filles sexy et de grosses guitares, et toutes ces choses qui rappellent tant de vieux souvenirs que nos trois bonshommes ont bien failli se retrouver chez Def Jam.

C'est chez Light in the Attic que sort finalement leur Mingle, mais il a tout de la truculence, de l'irrévérence et des facéties des vieux hits rap/rock de Run-D.M.C et des Beastie Boys. Ce qui enfièvre nos chevaliers du samedi, ce ne sont pas les injustices qui pullulent en ce monde, mais les filles des écoles privées ("Private School Girl"), ou bien Amy Winehouse et Lily Allen ("Foreign Affair"). Poussant la logique jusqu'au bout, notre trio s'arroge d'ailleurs les services des Dap Kings, collaborateurs de la première. Farceurs, ils aiment aussi se moquer du look des Black Eyed Peas ("Patches") ou des gros-bras du cinéma ("Ass Kicker’s Haircut").

Bon, soyons honnête, tout cela est un peu facile et pas vraiment long en bouche. Cet album n'a pas passé l'été 2008, dont il a été l'une des premières sorties. Mais s'il nous arrivait la même aventure que celle décrite sur le tube "45", si demain, dans notre club préféré, le DJ se mettait à passer l'un des titres de Mingle, nous réagirions sûrement avec la même jubilation que les principaux intéressés.