Du classic rap honnête, solide, attachant et pérenne. Voilà le souvenir qu’avaient laissé les Insects à Paris en janvier quand ils s’étaient produits en première partie d’Awol One, 2Mex et Josh Martinez. Sans surprise, les mêmes mots qualifient l’album du duo formé par le producteur Foundation et le rappeur Brad B, deux échappés des Drunken Immortals, le groupe phare de la scène hip-hop de l’Arizona. Contrairement à ce que clame le texte promotionnel, la créativité et la prise de risque sont limités sur ce disque qui n’est pas vraiment le premier (Foundation avait déjà produit Drifter, le solo de Brad B), et il ne compte pas le moindre tube. Mais il recèle le même hip-hop aux airs de revenez-y que celui des voisins d’Avenue of the Arts.

THE INSECTS - Free the Hard Way

A l’exception du lumineux "Funk and Sweat" dédié aux joies nocturnes, le ton n’est pas bien gai sur Free the Hard Way. Brad B s’y fait tour à tour offensif et conquérant ("Winds of Change", "The People"), agressif ("Silence Is Gold", "Your so Special"), inquiétant ("Devils Are Scared", "Free the Hard Way") et Foundation propose les sons qui vont avec cette noirceur. Sa production se montre assez terne et traditionnelle (des boucles, des scratches et de nombreux samples de piano). Mais des détails à peine perceptibles font parfois la différence, qu’il s’agisse des percussions ouvragées de "Silence Is Gold", des cordes inquiétantes de "Devils Are Scared", du dialogue entre trompette et guitare de "Funky Sweater" ou du mémorable cuivre final de "Ank". Le producteur sait apporter à sa musique un surcroît de finesse et de musicalité.

The Insects sont comme les petites bêtes dont ils ont choisi le nom : des travailleurs de l’ombre, des artisans discrets capables d’œuvres solides, mais pas toujours visibles, comme la plupart de leurs amis de la scène de Phoenix, dont ils livrent un ici échantillon représentatif. Echantillon gratuit d’ailleurs, puisque qu’ils ont pris le parti de nous l'offrir en téléchargement libre.

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