Sanagi Recordings :: 2004 :: acheter cet album

L’étrangeté de la Japonaise, c’est tout d’abord ce rap off-beat déclamé d'une voix aigre, chevrotante, presque affolée, qui joue des cassures de rythme, qui passe sans dégât du cri au murmure, laisse une fois la place au chant ("Waltz") et tire profit de ses problèmes de souffle plutôt que de les subir. Mais c’est aussi la musique, ces beats faits de jeux insolites de percussions et de basses ("Akmekura"), de samples étonnants (alarme de voiture sur "Waltz", cliquetis d’armes blanches sur "Short Kuts in the Hell"), d’étrangetés électroniques ("Kami no Puppet"), de dissonances ("Waltz", "Koubutsu" avant qu’il ne dérive vers de la drum’n bass), et de saxophone en roue libre (la première version de "Sanagi").

Le meilleur dans tout ça, c’est que, souvent, ça fonctionne. Le début de Hell me Tight se montre impressionnant avec ce "Hell Mix" d’ouverture où la Japonaise plonge sa voix bizarre dans une pluie de scratches, suivi par le beat minimaliste et dérangeant de "Bourei Puppy", deux morceaux où le turntablism a la part belle. Convaincant est aussi ce "Triforce" déclamé à trois voix, l’une des plages les plus normales du disque avec son semblant de boucle boom bap, tout juste troublée par des sons d’outre-espace. Mais bien plus difficile, éprouvant et désarçonnant est le reste de ce disque aussi troublant et cauchemardesque que sa pochette. Il n’est pas vraiment sûr que la très perturbante Rumi caresse toutes les oreilles dans le sens du poil. Mais si ce qui compte dans la musique, c’est l’originalité et l’invention de formes inédites, alors Hell me Tight tient vraiment le bon bout.

PS : merci à ODS, mon fournisseur en bon hip hop japonais