Les mix font rarement de bons albums. Souvent, ils s’avèrent trop chargés, trop inégaux, trop éclectiques même. Personnellement, je n'ai presque jamais envie de revenir à une mixtape découverte à tel ou tel moment de mon parcours musical, même à celles écoutées un temps avec délectation. Et tout cela est normal, car le but de l’exercice est tout autre. A quelques exceptions près, par exemple dans la sphère des turntablists, l’objectif d’un mix n’est pas de faire œuvre. Il est au contraire d’être un passeur, d’affirmer ses influences, de marquer son territoire et de faire découvrir ses artistes fétiches, parfois même ses amis. Comme son nom l’indique, c’est précisément à cette dernière mission que s’emploie ce disque d’Ill Al the Anglo-Saxon, le rappeur le plus visible du collectif Avenue of the Arts.

ANGLO-SAXON - Amongst Friends

Amongst Friends est trop long, donc, beaucoup trop, avec ses 28 plages. Il peine à décoller, certains titres atypiques y tombent comme un cheveu sur la soupe (le turntablism de "Friendly Reminder"), on y découvre à boire et à manger. Des titres issus de la discographie d’Anglo-Saxon ou de ses amis d’Avenue of the Arts (Courdek, Stereo Typed, DJ Les), certains réinterprétés et remixés comme "The Old House", côtoient des morceaux des voisins Brad B et Foundation des Drunken Immortals, ou d’autres gens encore comme Meaty Ogre de Galapagos4, comme les Visionaries, ou comme LMNO. Tout cela n’est pas toujours bien agencé, ça manque de logique d’ensemble, il y a bien trop de rap de base sans imagination (le pénible et cliché "Burn"), les titres les plus engageants sont écourtés et les intermèdes parlés ne font rien pour fluidifier le tout, pour le rendre plus digeste.

"On dirait que tu avez mis la main sur une copy de la mixtape de Unplug, Amongst Friends, fils de pute chanceux". Voici ce que déclare the Anglo-Saxon en ouverture de ce disque. Il exagère ou il se trompe. Ce long CD a ses lourdeurs. Ce n’est pas une telle chance de mettre la main dessus. Mais il y a tout de même l’essentiel : certains des meilleurs titres d’Avenue of the Arts sont présents ici, comme "Keep It", même s’il est tronqué ("écoutez le version intégrale du LP", nous dit l’auteur, qui n’oublie jamais de faire son VRP) et comme l’orgue de "Good Feeling", l’electro sautillant de "Lead" avec LMNO, cet "Unplug" au sample très Wu-Tang et le "Everyday" aux accents médiévaux de Courdek. Ce n’est certes pas ma sélection personnelle du répertoire d’Avenue of the Arts, mais pour peu que l’auditeur patiente jusqu’à la fin de ce disque ennuyeux, là où sont concentrés les meilleurs moments, il trouvera quelques bons arguments en faveur du collectif de l'Arizona.

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