Depuis qu’il a été vanté sur le regretté webzine West Coast Indies, M. Fusion est devenu le chouchou de la petite communauté rap indé française. Personne ne s’aventurerait à qualifier de chefs–d’œuvre ses deux albums, Expo '70, et un Dead Air conçu avec Die des Shapeshifters. Mais ces disques inventifs, éclectiques et plaisants, tous ceux qui les ont écoutés en gardent un bon souvenir. Ils prennent plaisir à y revenir de temps en temps. LXXX, vous comptez bien, est donc le troisième album du producteur, et il a déjà une longue histoire. Cela fait maintenant plus d’un an que l’on entend parler de ce projet de remixes de Expo '70, devenu avec le temps un véritable album. Cela fait si longtemps qu’il en était question qu’on ne s’était même pas aperçu qu’il était sorti en dur l’été dernier, après avoir été disponible sous format numérique.

M. FUSION - LXXX

LXXX, et c’est une bonne nouvelle, partage avec ses deux prédécesseurs une grande diversité et des couleurs chamarrées. M. Fusion et ses remixeurs (Nocturnal Ron, DDay One, Avatar, Gunther B) ne se sont pas réfrénés, avec tous leurs amis Shapeshifters et apparentés qui vont d’Akuma à Subtitle, en passant par Awol One, Existereo, Radioinactive et, bien évidemment, le vieux compagnon Die. Le producteur et ses comparses n’y sont pas allés mollo. Ils ont sorti toute une panoplie : des grandes cordes pour le remix de "Feel the Fear" ("Jurassic Fear"), de la old school sur "Theme From Kid Real", des grosses nappes sirupeuses eighties sur "Plan 9", de la drum ’n’ bass sur "Case for the War, Part 1", de l’électronique rétro-futuriste sur le "Human Beam Earth Team Remix" et des orgues tonitruantes sur "Case for the War, Part 2".

Et comme d’habitude, si l’on met quelques longueurs de côté ("Exist"), tout cela se révèle éminemment agréable et attractif. Grâce aux sons du beatmaker, ce mal-aimé qu'est Akuma donne deux de ses raps les plus plaisants ("Every Day", "Awake and Aware") et Radioinactive livre un "One Life to Live" sautillant avec des sons de Goldorak qui n’aurait pas dépareillé en plage bonus sur Soundtrack to a Book. Et M. Fusion sait aussi comment s’y prendre quand il faut une rengaine instrumentale et entraînante ("Meaner"). Au final, LXXX est donc un petit disque sans prétention mais accrocheur et réjouissant, tout comme ses deux prédécesseurs. Souhaitons-lui le même sort : pas le panthéon, pas les honneurs, mais une place bien au chaud dans notre discothèque et le plaisir de l'en sortir quelquefois pour qu'il rejoigne nos platines.

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