Thomas Pentz, alias Diplo (de "diplodocus", notre homme ayant une passion pour les dinosaures) est originaire du Mississippi. Il a vécu en Floride où il s'est épris de la Miami Bass, puis il a migré à Philadelphie, ville dont il enflamme les nuits au sein du duo de DJs Hollertronix. Ceux qui se demandent comment une telle personne s'est retrouvée chez les Anglais de Big Dada comprendront dès les premières notes : Florida est le disque de hip-hop instrumental tout juste comme nos voisins d'Outre-Manche l'adorent : accueillant et éclectique, capable de rameuter aussi bien l'ex-Madame Tricky, Martina Topley-Bird, que P.E.A.C.E. de Freestyle Fellowship, et que des intervenants moins connus (par nous, tout du moins) venus de Jamaïque ou du Brésil.

DIPLO - Florida

Intitulé d'après l'Etat où le DJ a grandi, ce disque ne bouleverse pourtant pas les codes établis. Voici du trip hop (et je ne ressors pas ce vieux juron seulement à cause de Martina) comme il y a dix ans, du hip-hop psychédélique de Blanc passé à la moulinette électronique, avec piano, guitares, violons et cuivres lyriques. On ne s'écarte pas outre-mesure des canons édictés par un certain DJ Shadow, si ce n'est par un côté plus dansant, plus ancré dans la culture des clubs, et par la présence plus large d'influences musicales exogènes.

Diplo connaît grosso modo son affaire. Le titre mélancolique répond présent ("Sarah"), les bizarreries de circonstance aussi (les flûtes libres de "Into the Sun"), la Jamaïque a droit à sa place (un "Diplo Rhythm" dancehall), la fin est somptueuse comme il faut ("Summers Gonna Hurt You"). Et parfois, ça chante, ça parle, ça rappe, ça toaste. Plutôt bien d'ailleurs. Les invités ne raclent pas les fonds de tiroir. Ils sont convaincants. Plus que Diplo lui-même, en vérité.

Car Florida, tout sympathique qu'il est, et malgré la présence massive de rythmes bounce venues remettre tout cela au goût du jour, pédale parfois dans la choucroute ("Works"...), et il paraît trop familier pour être honnête.

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