1972 : Bowie s'engouffrait pleinement dans la brêche glam ouverte par Marc Bolan, et le résultat était grandiose, flamboyant. Cet étalage des sentiments magistralement mis en scène par le maître et ses acolytes, consacre sa domination sur le rock anglais de l'époque. Les frasques de la Ziggy Mania envahissent les rues de Londres.
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1972 : comme l'annonçait Hunky Dory, Bowie s'engouffrait pleinement dans la brêche glam ouverte par Marc Bolan, son ancien mentor. Son quatrième album sous le nom de Bowie assume pleinement ses nombreuses influences : l'évidence mélodique de T.Rex, donc, le charme vénéneux du Velvet, les coups de boutoir des Stooges, et plus encore, l'emphase de Scott Walker. Viennent s'y joindre les délires de l'époque (les kimonos et les cheveux oranges, cette histoire d'extraterrestre débarqué sur Terre pour devenir rock star) et son immense égo. Le résultat est grandiose, flamboyant. Un étalage des sentiments magistralement mis en scène par le maître et ses acolytes, consacre sa domination sur le rock anglais de l'époque. Les frasques de la Ziggy Mania envahissent les rues de Londres.
Ziggy débarque sur Terre. Pour cinq ans, nous dit-il. "Five Years", premier titre, est un exercice à la Scott Walker des plus glamours, lyriques et grandiloquents. Idem pour "Soul Love", tout aussi majestueux, mais où le piano et les violons cèdent la place à un saxophone discret, à quelques choeurs et aux guitares débordantes de Mick Ronson. Idem encore avec "Moonage Daydream", un poil plus heavy, qui accroît encore la tension présente sur tout l'album. Changement de cap avec "Starman", où l'influence de T-Rex est frappante : histoire d'enfants, d'homme de l'espace et de boogie, refrains évidents, la-la-las enjôleurs soutenus par un gros son de guitare.
"It Ain't Easy", reprise d'un morceau obscur écrit par Ron Davies, agrémenté d'un clavecin minimal et des coulées de guitare de Ronson, est infiniment supérieur à l'original. Toutefois, il n'est qu'une étape avant "Lady Stardust", titre triste et singulier, pause mélancolique et volptueuse de l'album. Douche écossaise avec "Star", morceau carton, très 60's avec ses cha-la-las, son piano rythmique et sa guitare stonienne. On poursuit dans l'énervé et le hitesque avec "Hang onto Yourself", nouvel exercice T-Rexien, plus speed que les précédents.
Puis vient le hit, le porte-drapeau, le symbole, le résumé, et tout bêtement, le morceau éponyme de l'album. "Ziggy Stardust" marie avec bonheur l'accoustique et la guitare heavy de Mick Ronson, les couplets lents et classieux et les refrains héroïques et enflammés, le mythe rock'n'roll et ses désillusions. Inutile de le rappeler : un classique. Même jugement pour les deux suivants. "Suffragette City" : boogie agressif, soutenu vers la fin par un synthétiseur furieusement dansant. "Rock'n Roll Suicide" : crescendo pompeux mais magnifique, où une guitare accoustique laisse progressivement la place à des choeurs désespérés : "Oh no love, you're not alone. You're wonderful".
Comme souvent depuis l'avènement du CD, la réédition a été l'occasion d'ajouter quelques raretés à l'original. Une démarche qui n'a souvent qu'un intérêt historique. Pourtant, dans ce cas, il ne s'agit pas d'archives anecdotiques. Les cinq morceaux sont aussi fabuleux que ceux qui les précèdent : le single "John, I'm Only Dancing" ; "Velvet Goldmine" et "Sweet Head", faces B qui n'auraient rien perdu à s'inscrire au coeur de l'album ; enfin, les démos de "Ziggy Stardust" et de "Lady Stardust", aussi bonnes que leurs versions définitives. En 1972, tout ce que touchait Bowie se transformait en or. Pas étonnant, dès lors, qu'il ait signé avec The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars l'un des albums les plus classieux et aboutis jamais proposés par le rock.
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