Creation :: 1993 :: acheter ce disque

Très long, très dense, tel un gâteau un brin trop riche, Giant Steps décourage a priori toutes les gourmandises. Malgré des guitares bruyantes, bancales et indociles -la marque de fabrique des shoegazers- les genres s’y télescopent. Toutes les nuances de la pop anglaise, énervée ("I Hang Suspended"), psychédélique ("Butterfly McQueen") ou gentillette ("I Wish I was Skinny") s'y retrouvent, agrémentées de quelques imports américains (un "Thinking of Ways" très Beach Boys), de dub (un prodigieux "Upon 9th and Fairchild" et un "Lazarus" écourté tiré du EP précédent), de trips psychédéliques ("One is For") et des trompettes habituelles aux Boos.

Et là réside particulièrement sa force. Giant Steps contient un lot de détails sonores et stylistiques assez impressionnant pour ne jamais se lasser d'en faire le tour, des arrangements travaillés et des mélodies solides se chargeant du reste. Le proverbe "bête comme un Boo Radley" pouvait sévir encore quelques années, plus personne ne remettrait en cause les talents de Martin Carr, guitariste, clavier, compositeur, parolier et producteur du groupe -à défaut d'en être le chanteur- après ce grand ouvrage. Ce d'autant moins que la suite, d'ailleurs musicalement amorcée à la fin de cet album ("The White Noise Revisited"), fut elle aussi très honorable.