Big Dada :: 2000 :: acheter ce disque

Pour donner corps à son scénario, Mike Ladd s'est entouré de collaborateurs de choix. Les Infesticons sont campés par la crème de la scène hip hop new-yorkaise : El-P et Mr Len (lequel rappe sur "Grinder Theme" !) de Co-Flow, Anti-Pop Consortium, Rob Smith de Sonic Sum et Saul Williams. Avec de tels gens, inutile de s'attendre à un album "anti-rap commercial" anodin comme il en sort tous les jours. Dès la bleep music du "Cinderella Theme" Mike Ladd déploie ce qu'il faut de sons futuristes et de rythmes emballés pour désorienter n'importe quel rappeur de base. Cet ancien punk parsème son hip hop de funk blanc ("Precious Theme"), de post-punk, de rock gothique ("Tiger Theme") ou d'indus. Avec sa ligne de basse très new wave, le seul "Quaterback Theme" brasse tous ces genres et les enrichit du spoken word de Priest et de Beans, tout à fait à leur aise avec ce hip hop austère et mutant. Seul le "Shampoo Theme" concession faite au Majesticon, vient briser cette noirceur.

A force, malheureusement, la formule est dure à digérer, par exemple quand les divagations du "Monkey Theme" s'étirent sur une musique trop erratique, ou quand surviennent l'indigeste "Church Theme" et la harassante mélopée sauvage de "Chase Theme". Gun Hill Road pâtit de son concept, de son ambition, de son agencement. Dommage, car sur la première moitié du disque et sur un "Night Night Theme" d'anthologie déclamé par El-P, Mike Ladd confirme le coup de génie de ses oeuvres précédentes.