COUSIN FIK – Hacksaw Ben Thuggin’
On ne sait pas exactement de qui Fik est le cousin, mais on connaît bien sa famille. Le rappeur de Vallejo, en effet, est un proche d’E-40. Il l’a accompagné sur son album Revenue Retrievin Graveyard Shift, et il est membre de son label, Sick-Wid-It. Même s’il est peu couvert par les médias en dehors de ses bases, il commence à se faire un nom en 2010, avec le projet No Gravity, et avec le single « Kaboom (How Da Beat Go) » qui en est issu. Puis il remet le couvert en 2012 en sacrifiant, comme tous les rappeurs en vue de la Baie de San Francisco, au rituel du Tonite Show de DJ Fresh.
En 2011, pile entre ces deux sorties, il propose une mixtape avec le support de DJ Amen et de DJ Rah2k. Bien que parue discrètement et ignorée par la critique, Hacksaw Ben Thuggin est remarquable. Sortie pour Halloween, elle en porte la marque avec ses clins d’œil aux films d’horreur. Cousin Fik, en effet, prétend former un groupe avec Freddy Krueger, Jason Voorhees et Michael Myers, au milieu des cris d’effroi et des hurlements de loups de « Dat Killa Crew ». Et il déclare être un vampire sur le refrain ingénu de ce « I Am A Vampire » déclamé sur une guitare sèche avec le fils d’E-40, Droop-E.
Ailleurs sur cette mixtape, ce sont les stars du catch qui ont les faveurs du rappeur. Et pour le reste, le rap souvent licencieux de Cousin Fik se situe, comme pour beaucoup de ses compères de la Baie de San Francisco, à mi-chemin de la rue et du club, et jamais très loin des filles.
Mais l’essentiel est ailleurs, bien sûr. Il est dans des jeux de langage, comme avec le débit particulièrement saccadé de « Yeah Hey! ». Il est aussi dans des beats d’horizon assez large, qui naviguent entre des sons synthétiques et des rythmes trépidants hérités de la hyphy locale (« I Got It », « Ruthless », « Extra Hard », « Damn Doe » et « Ghost Of Hyphy ») et un cloud rap de saison (le très bon titre introductif « Hacksaw Ben Thuggin' », la moins convaincante ode aux bitches « I Needa… »). De plus, avec bonheur, Cousin Fik parsème le tout de passages moins attendus, comme avec les chants et cordes soul de « Soul Flo » ou le très mélodique « I’m A Beast ».
Et pour couronner le tout, le rappeur de Vallejo réinterprète avec éclat et réussite une version remixée de l’un des tubes de l’année, le « I Follow Rivers » de la Suédoise Lykke Li, terminant en apothéose une mixtape où les déchets, pour cette fois, se montrent raisonnablement rares.
