KOOL G RAP & DJ POLO – Wanted: Dead Or Alive
C’est sous le parrainage de Kool G Rap que l’universitaire Paul Edwards a publié il y a quelques années How To Rap, un ouvrage qui, comme son nom l’indique, passe en revue les différentes techniques de emceeing. Ce choix ne pouvait pas être plus judicieux, car le « Kool Genius of Rap » a bien été l’un des grands rappeurs de l’histoire. Avec Rakim et quelques autres, il a marqué le Golden Age de façon indélébile, faisant accomplir des bonds prodigieux à l’art de déclamer des rimes.
Le premier Kool G Rap et DJ Polo, Road To The Riches, a été bien reçu. Le MC et son DJ attitré, cependant, ne donnent le meilleur que sur les deux suivants, à commencer par Wanted: Dead Or Alive. Celui-ci, en effet, se montre plus riche et varié, niveau beats tout d’abord, puisqu’en plus de Polo et de l’attendu Marley Marl, fondateur de ce Juice Crew auquel appartient Kool G Rap, deux autres figures légendaires se sont penchées sur la production, Eric B et Large Professor.
La touche de ce dernier est très reconnaissable sur l’introductif « Streets Of New York », la perle de l’album avec sa percussion lourde, ses subtiles touches de piano, son solo de saxophone. Le leader de Main Source n’est sans doute pas pour rien non plus dans le tempo ralenti de certains titres, qui contraste avec le rythme trépidant et les scratches furieux des autres, d’essence plus old school. Cela permet de goûter encore mieux au flow du rappeur. Et pour agrémenter davantage encore le disque, on fait même un tour au club, le temps d’un « The Polo Club » hip-house.
Côté thèmes, aussi, Kool G Rap étoffe son répertoire. Il est toujours question d’étaler sa virtuosité, sur « Play It Again, Polo », « Bad To The Bone », « Kool Is Back » et « Play It Kool ». Mais le rappeur donne aussi dans le sex rap sur ce « Talk Like Sex » empreint d’une misogynie de saison, ou au contraire il se fait engagé sur « Erase Racism », avec ses compères du Juice Crew, Big Daddy Kane et Biz Markie.
Aussi, avec ce disque, Kool G Rap annonce la décennie 90. « Streets Of New York » préfigure l’ambiance sombre du rap hardcore new-yorkais. « Money In The Bank » flirte avec le registre criminel. Et « Death Wish » traite de mort et de violence. Quand on compare ces titres à « Rikers Island », un vieux morceau produit par Marley Marl, et placé en fin de disque, on ne peut que mesurer la vitesse affolante à laquelle des pointures comme Kool G Rap font alors bouger le rap.
