STARLITO – At War With Myself

En guerre contre moi-même. Ce titre dit clairement où All Star en est arrivé, au stade de sa carrière où il s’est rebaptisé Starlito : à cette grande phase introspective, qu’il traverse encore de nos jours. A ce grand moment de blues qui se poursuit toujours. A cet instant précis, ce spleen est renforcé par l’incarcération d’un ami, Red Dot. Cette mixtape, apparue peu après cette sortie de référence qu’est Renaissance Gangster, lui est dédiée. Les profits qui en seront tirés iront à sa famille.
As the title implies, I (Starlito) am at war with myself. I decided to channel my frustrations and use my energy creatively.
Comme le titre le laisse entendre, je (Starlito) suis en guerre contre moi-même. J’ai décidé de canaliser mes frustrations et d’utiliser mon énergie avec créativité.
Voici donc comme le rappeur de Nashville présente cette mixtape quasi-gratuite, qu’il a assemblée à la va-vite, en seulement quatre jours, à base de sons originaux et d’autres, issus de plusieurs morceaux du moment, ceux de Lil Wayne, de Rick Ross, de Meek Mill et de Lil B.
C’est bien un rappeur torturé qui se livre parfois, sur cette suite de divagations musicales parsemée de soul classieuse (« People In The Streets », ce « Clouded Judgement » qui sample Curtis Mayfield) tout autant que de trap music d’époque (« Felt Like Giving Up », « Nada (To A) Star »). Sur « Lil Boosie Out », quand il rappe sur l’instru de « Tupac Back », Starlito invoque à raison les deux hommes en question. Il est comme 2Pac et Boosie, ces rappeurs extraordinairement influents, un voyou tourmenté.
Mais Starlito n’est pas que cela.
Sur At War With Myself (ou, pour utiliser son titre stylisé, @ WAR w/ myself), il joue aussi avec les mots. Il s’adonne à des moment ludiques, comme ce « Like Mike » où s’entrecroisent les références aux géants du basket Lebron James, Michael Jordan et Kobe Bryant. On sent aussi chez lui un brin d’autodérision, quand il confie sa passion pour sa voiture (« Dodge Music »). Il fait preuve d’humour, quand il dit manier des chiffres longs comme des codes postaux (« Zip Codes »), quand il parle de ses conquêtes féminines (« Clouded Judgement »), quand il raconte une histoire de désamour avec une fille collante (« Thinking of You ») ou quand il s’en prend à une autre, vénale et intéressée (le tube « Get Off My Line », aussi présent sur Ultimate Warrior).
L’ancien All Star s’exprime librement, spontanément, avec un ancien collaborateur, son voisin Young Buck (« People In The Streets »), tout comme avec Don Trip (« You Ain’t Nothin' »), celui qui deviendra son acolyte quelques mois plus tard, avec la première de leurs trois sorties en commun.
Certes, Starlito a le blues, il est en guerre contre lui-même. Mais il s’amuse aussi, sur cet échantillon large et décousu de son art. Preuve que cette sortie composite aura compté dans la discographie riche du rappeur de Nashville, un second At War With Myself suivra, quelques années plus tard.