K-DEE – Ass, Gas Or Cash (No One Rides For Free)

K-DEE – Ass, Gas Or Cash (No One Rides For Free)

Darrell Johnson est au nombre de ceux, la majorité, qui n’auront fait que passer dans le monde du rap. L’homme connu sous le nom de K-Dee (et avant cela Kid Disaster), est apparu à la lumière quand Ice Cube l’a pris sous son aile et qu’il en a fait un membre de son entourage. Mais en dehors de singles et de son apparition sur les sorties de ses collègues de Lench Mob (le collectif, pas le groupe Da Lench Mob, qui n’en est qu’une partie) et de quelques autres (Devin the Dude, par exemple, dont le registre est proche du sien), il n’aura laissé derrière lui qu’un album, sorti à la fin de l’année 1994.

Conçu avec l’appui capital d’Ice Cube à la production, celui-ci nous permet cependant de nous replonger très agréablement dans le style West Coast de l’époque. Il nous ramène à cette époque où le gangsta rap californien était plus insolent que jamais et où il n’en finissait pas de devenir sirupeux.

L’insolence, elle est dans le titre même, Ass, Gas Or Cash (No One Rides For Free), qui suggère qu’on ne roule pas avec K-Dee s’il n’a rien à y gagner en retour, qu’il s’agisse de sexe, de fric ou de carburant pour sa bagnole. Le rappeur explore, avec effronterie et une dose substantielle d’humour, les grandes dimensions de l’imagerie rap californienne : la culture de la voiture, le flingue à portée de main, le goût de la chronic…. Et puis la pornographie, surtout, essentiellement, sous différentes facettes : coït (« Into You »), sexe oral (« Make The Music »,) fascination pour les foufounes (« Thought I Saw A Pussy Cat »), prostitution (masculine, sur « Gigalos Get Lonely Too ») et dur métier de maquereau. K-Dee, tout à son sujet et à son personnage de séducteur impénitent, appelle même à la rescousse un fameux dialogue licencieux entre Grace Jones et Eddy Murphy, dans le film Boomerang.

L’aspect sirupeux, ou tout du moins la forte charge mélodique qui distingue alors le g-funk, K-Dee l’exploite tout autant. La voix est douce, le flow est détendu, le rap est mielleux. Les orgues, les synthés, les guitares et les grosses basses sont doux, ronds et chaloupés. Les refrains féminins sont jolis, comme celui très largement emprunté à Deniece Williams sur le fabuleux single « The Freshest MC In The World », ou celui très suave de « Ass, Gass Or Cash », en conclusion. Et puis le funk est là. L’album compte même la voix et/ou la basse de Bootsy Collins sur trois de ses morceaux, et quelques autres figures du genre interviennent, comme Morris Day, le comparse de Prince.

On y est, en plein cœur du sujet, au beau milieu de la Californie des années 90. Maîtrisant une formule désormais éprouvée, porté par ses singles, toujours solide même sur les morceaux les moins marquants, Ass, Gas Or Cash (No One Rides For Free) est un classique mineur du rap californien.

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The Notorious S.Y.L.V.

The Notorious S.Y.L.V., a.k.a. Codotusylv, écrit sur le rap et tout un tas d'autres choses depuis la fin des années 90. Il fut le fondateur des sites culte Nu Skool et Hip-Hop Section, et un membre historique du webzine POPnews. Il a écrit quatre livres sur le rap (dont deux réédités en version enrichie), chez Le Mot et le Reste.

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