LEFTY GUNPLAY & JASONMARTIN – Can’t Get Right

Sans nul doute, Lefty Gunplay traverse le grand moment de sa vie. Libéré d’une longue peine de prison en 2023, il ne cesse depuis de sortir des albums, dont quatre en 2024. Mais le plus notable, c’est qu’il a fait partie des rappeurs de Los Angeles convoqués par Kendrick Lamar sur son récent GNX. Il en a même été une grosse attraction, faisant une intervention remarquée sur le single « TV Off ». Et bien naturellement, c’est une tout autre dimension qu’a pris Franklin Holladay, ce fils d’une Guatémaltèque et d’un Américain blanc qui a grandi dans un mobile home à Baldwin Park, quand il a sorti cette année son premier vrai gros album, sur le label et avec le renfort de Jason Martin.
Le dernier Kendrick revenait pour une large part aux racines californiennes du rappeur, il les célébrait. Eh bien, avec Can’t Get Right, nous ne sommes pas dépaysés. Cet album, c’est du pur rap de Los Angeles, à l’ancienne, avec des grosses basses bondissantes (« Grey Goose Freestyle »), avec quelques morceaux suaves funkys et très instrumentalisés (« Menace »), avec une musique indolente et mélodique, que cela soit par la grâce de refrains sirupeux féminins (« Heavens Above », « Me, My Gun and You ») et masculins (« One Day At A Time »), ou de chants à la Nate Dogg (« Scary Movie »).
Ce sont des gens originaires du cru que Lefty Gunplay convie. Outre l’ancien Problem, on y trouve Ty Dolla $ign, RJmrLA, The Game et un autre homme révélé sur GNX, Wallie the Sensei. Scott Storch aussi est là, qui nous ramène au temps de 2001 avec le piano de « Lord Forgive Me ». Et l’on cite les standards West Coast du passé, notamment le « Streiht Up Menace » de MC Eiht, sur « Menace ».
Les thèmes sont sur la même ligne. Lefty Gunplay traite de délinquance assumée (« Can’t Get Right », « Grey Goose Freestyle »), de culture des armes (« Lord Forgive Me ») et de revanche sur les traitres (« Menace »). Il passe du bon temps en club avec ses potes infréquentables (le médiocre « Hotel Party »). Et puis, pour faire bonne mesure, il y a un peu d’amour fleur bleue (« Heavens Above ») et du blues de bad boy (« Gangsters Get Scared », « One Day At A Time », « Cracks In The Ceiling »).
Bref, c’est une jolie routine, c’est du resassé. Et malgré le format très compact (à peine plus d’une demi-heure), Lefty Gunplay n’arrive pas à faire quelque chose d’homogène de ce premier album de l’après GNX. Can’t Get Right, en effet. N’arrive pas à bien faire. Le rappeur ne satisfait pas encore l’attention dont il profite. Même si, à l’occasion on déniche des bijoux, « Me, My Gun And You » surtout, un chant d’amour à trois entre le rappeur, sa copine (interprétée par Storm Debarge) et son flingue. Encore quelques moments comme ça, Lefty Gunplay, et pourrait être exaucé le projet qui sous-tend cet album, celui dont fait part son titre final « Through The Fire » : réussir après la prison.