JOEY VALENCE & BRAE – Punk Tactics
C’est en 2022 qu’apparaissent Brae et Joey Valence, avec un single sorti de nulle part. « Punk Tactics » déploie alors toute l’énergie promise par son titre, avec ce qu’il faut de grosses basses, de raps criards et de sirènes, et il devient un phénomène. Il se positionne comme un favori de TikTok, il cumule des centaines de millions de vue sur les plateformes de streaming, et il aboutit un an après à un album homonyme conçu avec les moyens du bord, mais où figure déjà un rappeur plus reconnu, Logic.
Si ce single a présenté Joey Valence et Brae comme des suiveurs des Beastie Boys, avec la couleur de peau, la furie rock et les voix qui vont avec (Joey Valence se calant franchement sur celle de Mike D), le long format qui lui succède, lui… confirme totalement cette première impression. C’est presque du plagiat. Mais ce n’est pas bien grave, au fond, car les Beasties ont toujours été extraordinairement éclectiques. Et en cela aussi, les deux rappeurs de Pennsylvanie sont fidèles à leurs modèles.
Plusieurs titres (« Watch Yo Step », « Kill Bill », « Hooligang », « Club Sandwich ».) sont coulés dans le même moule que « Punk Tactics ». Ils sonnent comme de vieux tubes rap des années 80 avec leurs scratches, leurs rythmes soutenus et leur agressivité. Mais il y a aussi du jazz rap suave avec « Dance Now », et quelques bizarreries comme « Intermission ». Quant à « Street Pizza », c’est un pur morceau de punk hardcore, comme les Beasties eux-mêmes en faisaient quand ils n’étaient encore qu’un obscur groupe de rock.
Il y a aussi des choses étrangères à l’univers des trois New-Yorkais. L’éclectisme de ces derniers plaisait énormément aux Anglais, mais ils restaient des Américains, alors que Joey Valence et Brae, eux, s’abreuvent d’influences britanniques. Les sons drum ‘n’ bass que l’on entend sur « Drop! », « Gumdrop » et à la fin de « Hooligang » le démontrent, tout comme la techno terroriste à la Prodigy de « Startafight », ou bien encore l’imagerie hooligan qu’ils s’approprient. Leurs textes abondent aussi de références aux mangas, aux animés, à Star Wars, aux super-héros, au jargon informatique et aux jeux vidéo, ce qui les apparenterait presque au mouvement nerdcore.
Mais quoi qu’ils fassent, l’efficacité est au rendez-vous, plus ou moins. Ce qui, de loin, ressemblait au duo d’un seul titre, montre avec Punk Tactics qu’il sait tenir la route sur tout un album. Les deux rappeurs prouvent leur valeur, et ils le feront une fois encore avec leur deuxième opus, No Hands, globalement tout aussi réjouissant. Alors oui, tout cela ressemble à un gag d’étudiants dilettantes de province. Mais la musique des Beastie Boys aussi, virait parfois au gag. Et elle était fabuleuse.
