GMO STAX – No Safety

Même s’ils sont nombreux, même s’ils sont parfois interchangeables, n’omettons pas de citer ici tous les rappeurs de Detroit qui ont compté, dans cette période de feu qui s’est prolongée du milieu de la décennie précédente au début de la présente. Parlons-donc de Damarius Langston, alias GMO Stax, un garçon de la partie Ouest de la ville qui s’est mis à rapper quand il s’est retrouvé dans la rue, après s’être fait jeter de son école à force de chercher la bagarre et d’avoir des résultats calamiteux.
Sa sortie de référence, c’est Youngest N Charge en 2022, un album qui marque son ascension en rassemblant des personnalités venues d’autres horizons telles que Blac Youngsta, Big30, Hotboii et Pooh Shiesty. Par ailleurs, il vient en janvier d’en livrer la seconde édition, avec cette fois Shy Glizzy, Luh Tyler et EST Gee. Mais sa grande année, celle de la vraie révélation, c’est celle d’avant, celle de Young Pit In America, et plus encore celle de son projet le plus compact, No Safety.
Aucune sécurité à l’en croire, dans les rues de Detroit. Ce sont celles-ci, une jungle urbaine, un zoo d’après l’un des titres, dont GMO Stax s’emploie à parler, avec ses récits de meurtre et d’armes à feu, et ses histoires de délinquants pris en étau entre les opps et les flics. Musicalement aussi, c’est du rap du Michigan dans toute sa splendeur : dangereux, agressif, tendu et qui se résume à une poignée de bombes délivrées d’un jet en deux minutes, d’une voix aigre encore juvénile, une musique propulsée par des cloches pesantes, des pianos haletants, des basses bondissantes et des synthés oppressants.
C’est le Detroit rap de 2021, quoi, avec en plus des atours mélodiques sur la belle conclusion mélancolique de « Feds », un jeu à trois avec ses compères Sterl Gotti et The Big Homie, qui conclut de formidable manière ce No Safety, la sortie manifeste d’une énième mauvaise graine qui a poussé dans les rues du Michigan, d’un énième rappeur possédé et inspiré apparu là-bas.