G PERICO & DJ DRAMA – L.A. Gangster

DJ Drama est un fantastique curateur. Il n’a pas son pareil pour mettre en avant ce qu’un rappeur peut proposer de mieux, pour extraire et exposer la substantifique moelle de son art. En cette période tardive de sa carrière, en ces années 2020 où, après une pause, il poursuit sa série mythique des Gangsta Grillz, le DJ à mixtapes par excellence le démontre encore. En offrant au rappeur de South Central une deuxième sortie avec lui, après Hot Shot en 2023, il magnifie le style de G Perico.
Jeremy Nash, on le connaît depuis une bonne dizaine d’années au moins, depuis qu’il a fondé le label bien-nommé So Way Out pour quitter la délinquance, qu’il a sorti ses projets de référence Shit Don’t Stop et All Blue, et qu’il a fricoté avec Roc Nation. Mais ce qu’il a à nous offrir, c’est bien souvent du réchauffé. G Perico se présente comme un héritier de DJ Quik et de Suga Free, et il surjoue le numéro du gangster californien avec sa voix nasale, sa Jheri curl et son goût pour l’azur des Crips.
Avec DJ Drama, il ne change pas de direction, bien au contraire. L.A. Gangster, s’appelle sobrement ce deuxième projet commun, et il est fidèle à son titre. Ensemble, les deux hommes vont au bout de la logique régionaliste et revivaliste. Ils réactivent l’imaginaire puissant de la Cité des Anges. G Perico recycle les vieux slogans (« L.A., L.A., big city of dreams », sur « Go Shop »), il exalte cette ville d’argent, de sexe et de shopping, il en représente les rues (« LA Takeover »), il proclame haut et fort sa dure philosophie de bandit (« LA Real Estate ») et son esprit de gang (« Lil Homies »).
Pendant que G Perico vante l’art de vivre gangsta tout autant qu’il en dépeint les périls, on entend les grosses basses, les mélodies et les voix sirupeuses du g-funk (« Street Lights »), ainsi que ses chants soyeux (« No Interruptions », « Thankful »). Quant aux invités, ils représentent on ne peut mieux la terre californienne, de la légende de la Baie E-40 sur « Gangsta », à la rappeuse la plus chouette de cette côte-là des Etats-Unis, Kamaiyah, sur « Resume ». Mis à part des « skrrt » et des onomatopées issues d’autres lieux, exceptées quelques concessions aux rythmes de notre époque, on y est.
Et qu’est-ce que c’est bon, parfois, d’aller au comble du cliché et de la formule. Que c’est malin, dans la grande tradition des mixtapes, de ne rien s’interdire, y compris un sample vraiment téléphoné de Pink Floyd (« HEY »). Avec l’aide fatidique et la touche magique de DJ Drama, avec quelques petites merveilles de gangsta rap mélodiques comme le fabuleux single « Commas », ou le très minimaliste et très irrésistible « Sold Out », G Perico est à deux doigts de nous livrer ce qu’il a fait de mieux.