ACEYALONE – Love & Hate
Avec Love & Hate, Aceyalone confirme son statut de tête d’affiche de Freestyle Fellowship en invitant un panel représentatif d’une certaine intelligentsia hip-hop. Sur cet album se retrouvent, bien sûr, quelques membres de la Fellowship et du Project Blowed (Self Jupiter, Abstract Rude, Riddlore) et un autre californien célèbre (Casual des Hieroglyphics), mais aussi d’illustres New-Yorkais (El-P, Priest et M. Sayyid). Malheureusement, ça n’est pas pour autant qu’Acey renoue avec son meilleur album solo, que l’on considère que celui-ci soit All Balls Don’t Bounce, ou A Book Of Human Language.
Dès l’introduction mille fois entendue, Love & Hate s’inscrit plutôt dans la lignée du décevant Accepted Eclectic : en dépit d’un Acey toujours en verve, les thèmes sont prévisibles et les sons font défaut. Peu de titres surnagent, malgré l’armada de producteurs (une dizaine) qui se presse sur cet album. Qu’ils donnent dans un rap sautillant (« Junk Man », « Lost Your Man », « Find out »), dans l’électronique (« In Stereo », « City of Shit ») ou entre les deux (« Love and Hate »), les beats s’avèrent sans personnalité, entre pas mal et assez pénibles. Même la confrontation attendue entre Ace, Sayyid et Priest sur « Lights out » n’aboutit à rien d’autre que du sous-Antipop Consortium mou du genou.
Ce ne sont finalement que quelques petites escapades soul chantées, de très corrects « Moonlight Skies » et « Ace Cowboy », qui apportent à Love & Hate ses moments les plus mémorables. Sans oublier un « Takeoff » signé RJD2 qui retient l’attention, grâce à un synthétiseur pour le moins efficace, piqué, me susurre-t-on, à Jean-Michel Jarre (logique : RJD2, après tout, n’est-il pas le Jean-Michel Jarre du rap ?). Il fallait oser, mais ça marche. Pendant quatre minutes tout du moins.