OMID – Monolith

OMID – Monolith

Pour tous ceux qui ne jurent plus que par le rap West Coast Underground, pour tous ceux qui ont découvert à temps (avec un peu de chance) ou sur le tard (plus souvent) le mythique Beneath The Surface de 1998, pour tous ceux qui ont constaté que cette compilation, en plus d’être excellemment produite et rappée, révélait la nouvelle garde Project Blowed qui occupe aujourd’hui le haut du panier (Awol One, 2Mex, Circus, Radioinactive pour les plus connus), le Monolith du producteur Omid était le disque le plus attendu de la rentrée. Quoi de plus alléchant qu’un album du meilleur beatmaker de la meilleure scène hip-hop internationale sorti sur le meilleur label rap du monde ?

Sur la forme, le très mal nommé Monolith est un compromis entre l’instrumental Distant Drummer sorti très discrètement l’an dernier et Beneath The Surface : s’y mélangent harmonieusement des instrumentaux malins et agréables (« Sound Of The Sitar », un « Research » qui prouve qu’Omid a récemment écouté ou réécouté Pierre Henry, « Speakers Hot ») et des titres rappés par quelques invités. Cette fois cependant, ce ne sont plus les inconnus d’il y a cinq ans qui viennent prêter leur voix, mais d’autres gens comparables devenus entre-temps des références.

Outre 2Mex et le parrain Aceyalone, déjà de l’aventure autrefois, ainsi que deux outsiders (Hymnal et Spoon of Iodine), Omid accueille cette fois Busdriver, Abstract Rude, une partie des Living Legends et les non californiens Slug et Buck 65. Et pour une fois, voici une réunion au sommet qui remplit ses promesses, Omid accompagnant au mieux ces rappeurs et prouvant son habileté à pondre de remarquables productions capables d’interpeler bien d’autres gens que les simples b-boys.

Après un début assez pépère et quelques passages anecdotiques (un « Live In Tokyo » qui vaut surtout pour son line-up de rêve), Monolith s’emballe et dévoile de plus en plus de perles, tant parmi les instrumentaux (notamment le très beau « Ripple Study ») que parmi les raps. De la collaboration avec Buck 65 (un orgue de barbarie s’adapte à merveille à la voix rauque qu’affectionne désormais le rappeur canadien qui se prend pour Tom Waits), à celle avec Busdriver (là encore, Omid déniche la prod qui convient au flow foufou du rappeur), sans oublier ni les guitares de « I’m Just A Bill » et de « Myth Behind The Man » (ses petits “doo doo” féminins, sa flûte et l’intervention sans reproche d’Abstract Rude et de 2mex), ni les deux temps du splendide titre de clôture (« Club Apothesis »).

Grâce à ces morceaux et à quelques autres, le nouvel Omid supporte plutôt bien la délicate mais incontournable comparaison avec Beneath The Surface. Tout le monde s’en doutait six mois déjà avant sa sortie, mais il est toujours bon de se rassurer : Monolith est l’un des must-have de l’année.

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The Notorious S.Y.L.V.

The Notorious S.Y.L.V., a.k.a. Codotusylv, écrit sur le rap et tout un tas d'autres choses depuis la fin des années 90. Il fut le fondateur des sites culte Nu Skool et Hip-Hop Section, et un membre historique du webzine POPnews. Il a écrit quatre livres sur le rap (dont deux réédités en version enrichie), chez Le Mot et le Reste.

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