BRS KASH – Kash Only

Dans une ville, Atlanta, où la concurrence est rude, cela fait des années que Kenneth Duncan Jr. cherche son chemin dans le rap. Celui qui se faisait appeler autrefois KashKash le pratique depuis l’adolescence. Mais c’est sur le tard, à 27 ans, que le déclic est venu. À la suite de d’expériences sexuelles impromptues avec deux amies, BRS Kash a écrit « Throat Baby », et ce titre a été l’un des tubes de 2020. Après une première apparition sur TikTok, il est devenu viral. Des fans l’ont accompagné de la chorégraphie idoine, comme il se doit sur le fameux réseau social. Et il est tellement entré dans les têtes qu’il s’est changé en un « Vote Baby », en pleine période électorale.
Evidemment courtisé, le rappeur a rejoint le label Love Renaissance (6lack, DRAM…), lui-même distribué par Interscope, et c’est avec leur assistance qu’il concrétise cela par un premier projet, un Kash Only présenté comme une mixtape. Logiquement, cette sortie capitalise sur le succès du tube de l’an dernier. Il est présent ici dans sa version originale, ainsi que dans une autre, avec DaBaby et les City Girls, lesquelles apportent une perspective féminine à un morceau que BRS Kash lui-même avait craint un temps de paraître trop sexiste. Comme son nom l’indique, « Throat Baby » est en effet un hymne très explicite aux fellations. Lascif, mélodique et sexy à souhait, il a le mérite d’être classé X, de décrire sans ambages la pratique du sexe oral et tout le plaisir qu’en retire le rappeur, tout en étant quelque part, malgré tout, une gentille chanson d’amour où il est question d’offrir des fleurs à sa tendre et chère (ainsi, certes, que de payer sa caution pour la sortir de prison).
Avec Kash Only, BRS Kash ne prend pas de gros risques. Appuyé par des producteurs locaux comme JetsonMadeIl, il explore plus ou moins le même thème (les femmes, le sexe…) et quelques autres qui lui sont proches (les strip clubs, la fête…), avec le son en vigueur à Atlanta : trap music à guitare (« No Manners », « Feel Better »), trap music à flûte (« Shake »), trap music chantonnée avec onomatopées à la Young Thug (« Go »), etc. Mais comme BRS Kash a de la bouteille, il remonte aussi plus loin dans le temps. Les morceaux les plus énergiques et entrainants, « Kash App », avec Mulatto et le stupidement irrésistible « Dance On The Dick », nous ramènent à la bounce de La Nouvelle-Orléans.
Ces sons, il faut le reconnaître, ont toujours été les plus adaptés aux paroles portées sur la chose. Quand il s’en écarte, BRS Kash peut devenir pénible, comme avec le chantonné « So Freaky » et le minimaliste « Do It ». Alors, ressort tout le creux de son propos. Quand la musique cesse d’être enjouée, on ne retient plus que ses platitudes, comme avec le médiocre « Thug Cry », la chanson mélancolique de service. Cependant, au bout du compte, « Throat Baby » n’est pas le seul bon moment que nous propose le rappeur sur Kash Only. Il est tout à fait probable que BRS Kash demeure l’homme d’un seul titre. Néanmois, il délivre un projet honorable et plaisant.