ICE BURGANDY – Progress Involves Risk Unfortunately

ICE BURGANDY – Progress Involves Risk Unfortunately

L’an passé, Lonnie Bands a sorti KOD, l’un des albums à retenir, en 2019, de la fourmillante scène de Detroit. Or, sur ce projet, figure le remarquable « Detroit To Inglewood », un posse cut qui rappelle une fois de plus les connexions fortes entre le rap du Midwest et celui de Californie en mêlant aux voix de Drego et Beno, entre autres, celle d’Ice Burgandy. Croiser ce dernier dans les parages est une bonne surprise, après des années où, à part pour un sordide fait divers (la mort de son pote Rosemo, suite à une embrouille avec les rappeurs The Game et Boskoe), ce membre des Bloods a peu fait parler de lui, ayant laissé tomber le rap parce qu’il n’en tirait aucun revenu. Cependant, c’est loin d’être la première fois que le Californien représente sa cité d’Inglewood au-delà de ses bases.

A l’origine, c’est auprès des gens d’Atlanta et du 1017 Brick Squad qu’il se fait connaître. Et il n’y fait pas que de la figuration, comme le démontre en 2012 Progress Involves Risk Unfortunately, l’une des mixtapes d’anthologie de la bande à Gucci Mane. Au sein de cette clique, c’est en fait de Waka Flocka Flame qu’Ice Burgandy est proche. Celui-ci l’a enrôlé au sein du Brick Squad Monopoly, avec d’autres rappeurs locaux inconnus, au cours d’une virée en Californie. Il l’a invité sur « Homies », un titre de Flockaveli, et il est bien en évidence sur ses mixtapes. Toutefois, sur Progress Involves Risk Unfortunately, l’homme d’Inglewood est bel et bien l’acteur de sa réussite, avec Purps de la 808 Mafia qui, à l’exception de l’aide passagère de Southside et de Lex Luger, en produit la quasi entièreté.

Les thèmes sont ceux attendus du côté du Brick Squad. Ce sont les histoires de drogue habituelles, développées sur le mode du vendeur ou sur celui du consommateur, avec en prime quelques affaires de bagnole, de fric, de club et de femmes. Ice Burgandy, cependant, importe de sa Californie une décontraction, une maîtrise dans les raps et des jeux de langage qui n’appartiennent qu’à lui. A un dispensable « My Benz » près, produit par Lex Luger et secondé par Waka Flocka, il ne se limite pas aux coups de butoir caractéristiques de ce dernier. Quelques titres sont trépidants, comme l’hymne de gang menaçant « Right Side Hangin », la rituelle célébration en meute du quartier « Northside Rose Mo » (l’une des contributions de Southside), « Ice Ice Baby », le fier « Troublesome » ou encore « Warrents ». Mais d’autres sont plus lents et plus insidieux, comme le mélancolique « Death Around the Corner », ou surtout ce remarquable « PMBB » de dealers au refrain screwed, le sommet de cette mixtape, s’il faut absolument en trouver un à cette mixtape de qualité inhabituellement homogène.

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The Notorious S.Y.L.V.

The Notorious S.Y.L.V., a.k.a. Codotusylv, écrit sur le rap et tout un tas d'autres choses depuis la fin des années 90. Il fut le fondateur des sites culte Nu Skool et Hip-Hop Section, et un membre historique du webzine POPnews. Il a écrit quatre livres sur le rap (dont deux réédités en version enrichie), chez Le Mot et le Reste.

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