MAC CRITTER – Back Door Music

Quand on vous disait qu’ils n’étaient pas mauvais, les derniers poulains de Gucci Mane. Que si le maître ne produisait plus rien d’intéressant lui-même, il gardait le nez creux. Pooh Shiesty, Big Scarr (REP), Bic Fizzle et BigWalkDog ne révolutionneront pas le rap, mais tous lui auront donné de bons morceaux, ces dernières années. Et à cette liste, même s’il a quitté depuis le label New 1017, il faut ajouter Daniel Bates, un rappeur de Memphis, qui a attiré l’attention sur lui à partir de 2021.
Début 2023, juste après avoir rejoint l’écurie de Gucci Mane, le rappeur connu sous le nom de Mac Critter a été incarcéré car accusé de meurtre, excusez du peu. Mais ce genre de déboires judiciaires n’empêche plus grand monde de sortir des albums, et plus d’une douzaine ont fait surface depuis cette arrestation fatidique, dont un, cette année, Back Door Music, mérite particulièrement l’attention.
Si quelque chose distingue Mac Critter des autres signatures de New 2017, c’est qu’il ne ressemble pas vraiment à un disciple du chef. Certes, son univers et ses rythmes sont ceux de la trap music. Mais son rap est plus trainard et douloureux. Sa musique est plus lente, plus pesante et parsemée occasionnellement de samples évanescents (« Paint It Blue »). Elle s’offre aussi de longs moments sans paroles, ce qui renforce le caractère hanté de l’album. Ou bien elle s’autorise, avec le fielleux « Rage », une excursion dans le sous-genre du même nom, ou dans quelque chose d’approchant.
La posture, elle aussi, est davantage dans l’air du temps. Elle est bien plus menaçante que comique, et les vantardises attendues sentent à plein nez la peine et le regret, comme sur le single « Pure Evil », quand ce diable autoproclamé qu’est Mac Critter prétend qu’il prie Dieu. « They know we ain’t cool », le rappeur dit-il, quand il décline son identité de « Trap House Baby ». Ils savent qu’on n’est pas cools.
Et parfois, c’est bien. C’est même brillant, sur le « Pure Evil » susnommé, sur « Killaa », un duo avec Lefty Gunplay (le seul ici), sur le lent et poisseux « On Whateva With Whoeva », sur le lancinant et splendide « Befo I Knew You », et dans une moindre mesure sur « Lie For », le seul titre où on l’entend encore, sous une forme plus fantomatique, les synthés carillonnants de la trap music d’autrefois.