En 2011, le journaliste Ben Westhoff a publié un livre sur le rap du Sud, intitulé Dirty South, selon le terme communément employé pour le désigner. L’initiative, pourtant, n’était pas neuve. Quatre ans plus tôt, seulement, Roni Sarig avait sorti Third Coast, un ouvrage plus complet, plus fouillé et plus détaillé sur cette scène, ou plutôt cette constellation de scènes, qui a commencé à dominer la production hip-hop américaine au moment même où l’on entrait dans le nouveau siècle.
Mot-clé - Organized Noize
RONI SARIG - Third Coast
La confrontation entre les côtes Est et Ouest américaines a été la grande affaire du rap dans les années 90, cette rivalité a été son moteur. Le gagnant, cependant, n'a été aucun des deux protagonistes. Au tournant de l'an 2000, une autre scène tirait finalement son épingle du jeu. Ou plutôt, une multitude de scènes, éparpillées au Sud, dans les anciens Etats esclavagistes, sur ce que l'écrivain et journaliste Roni Sarig a appelé, dans un ouvrage de référence, la Troisième Côte.
GOODIE MOB - Soul Food
Goodie Mob a toujours vécu dans l'ombre d'Outkast, sans jamais tout à fait connaître le même destin glorieux. Autant que de les lancer, leur présence sur le premier album des deux autres, Southernplayalistcadillacmusic (1994), les aura présentés comme une doublure. Plus tard, en cette fin des années 90 où Big Boi et Andre 3000 partaient à la conquête du grand public, l'autre grand groupe rap d'Atlanta loupait sa tentative de séduction avec World Party (1999). Et malgré leur positionnement crossover, les albums solo de Cee-Lo manquaient aussi leur cible.
OUTKAST - Southernplayalisticadillacmuzik
Le premier album de ce grand groupe qu'est rapidement devenu Outkast était, eh bien, le premier album d'un grand groupe : imparfait, inégal, pas encore affranchi d’une forte influence West Coast avec ses airs soul funk à la cool et ses rodomontades de branleurs, pas aussi singulier que ATLiens, le prochain, pas aussi iconoclaste que ceux d'avant ; mais déjà riche d'immenses promesses.
OUTKAST - ATLiens
Dans l'esprit du commun prime souvent, encore, l'idée que le rap est un genre moins subtil que les autres. Même chez les gens bienveillants, qui manifestent intérêt et respect pour cette forme d'expression musicale, prévaut l'idée qu'il doit davantage son succès à l'attitude de ses acteurs, à la verdeur des paroles, à l'adresse des textes et à l'impact des rythmes, qu'à la finesse des beats. Ces galons de "musicalité", le hip-hop doit encore lutter pour les conquérir. Il doit le faire contre ses détracteurs, contre même certains de ses défenseurs, suspicieux, autant à tort qu'à raison, quand ils débusquent une volonté de faire art.
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