Lil Gray est l'un des rappeurs incontournables de cette scène rap qui, depuis quelques années déjà, dans les alentours de Washington, a imposé son style rien qu'à elle, un style représenté notamment, mais pas seulement, par le fameux DMV flow. C'est avec Goonew, issu comme lui du Maryland, que l'homme de Landover s'est d'abord fait remarquer avec leur projet commun de 2018, l'un de ceux qui ont mis cette assemblée en avant, Positive Goon. Il s'est distingué aussi avec quelques singles sortis dans les mêmes eaux, tels que "Bullshit". Puis il a confirmé avec des projets sous son seul nom, dont le très bon Man of Many en 2019. Et deux années après, début 2021, le rappeur continue sur sa lancée avec un tout aussi remarquable 10B410.

LIL GRAY - 10B410

Produit comme souvent par l'un des architectes sonores au cœur de toute cette scène, Sparkheem, avec quelques uns de ses acolytes habituels tels que Spizzledoe, ce nouveau projet marque une légère inflexion chez Lil Gray. Il est ce moment incontournable où le rappeur des rues rengaine son Glock et commence à se pencher sur lui-même. D'entrée, le posé et mélancolique "30 for 30", ouvre le chemin à des moments plus introspectifs. Ceux-là se manifestent avec "Doubted Myself", où le rappeur du Maryland confesse avoir dû surmonter parfois un manque de confiance en soi. Ils sont visibles aussi sur "Walk Ina Bank", à propos des vicissitudes qui accompagnent le succès. Ce faisant, Lil Gray apporte un peu de ce piment, il ajoute quelques éléments distinctifs qui relèvent sans les gâter les saveurs de ce rap de genre.

Le carcan est d'autant plus lâche que les sons sont d'une incroyable variété. Après le piano du susnommé "30 for 30", on entend les rythmes d'une trap music conventionnelle, des moments secs et brutaux comme "Sephiroth", un sample de R&B accéléré sur "Pest Control (RAT)", un autre de violons soul sur "Walk Ina Bank", des compositions aux airs de vieux jazz, les quasi-orchestrations du superbe "Void", une belle guitare sur "Cardiac", des mélodies latines sur "Not Coolin'" et même de la musique de dance floor sur le bonus "White Flag". Et on ne parle pas de tous ces cris et onomatopées qui parsèment le propos. Quant aux ambiances horrifiques souvent de mise chez Goonew, elles s'installent sur un autre temps fort de l'album, "Better". C'est tout un panel d'ambiances et de couleurs que dévoile 10B410, comme s'il s'agissait de démontrer qu'avec Lil Gray au moins, le rap du Maryland était bien plus qu'une formule.

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