Autoproduit :: 2009 :: télécharger la mixtape
Passons vite sur les défauts de cette sortie. Ils sont attendus, et ils sont acceptés par tout fan de Gucci Mane : Writing on the Wall est trop longue, plusieurs de ses morceaux sont superflus, et elle est parasitée par les cris de DJ Holiday, qui beugle et qui nous sert son insupportable "holiday season" toutes les 30 secondes, tant et tant que plusieurs titres doivent subir un faux départ. Concentrons-nous plutôt sur l'essentiel, attardons-nous sur les points forts du projet, qui sont eux aussi les mêmes que d'habitude : ces irrésistibles mélodies synthétiques et naïves, comme sorties d'un disque pour enfants ou d'un jeu vidéo préhistorique ("Hurry", "Going In", "First Day Out", "She Gotta Friend", "We Got Dat") ; ou bien, en alternative, ces grandes nappes tournoyantes ("Wasted") ; et puis ce style de rap simple et mécanique, rythmé ici ou là par les "yeah" et les "burr" coutumiers du bonhomme.
Les thèmes de la mixtape sont eux aussi sans surprise. Ou plutôt, devrions-nous écrire, le thème unique de la mixtape. Ici, en effet, Gucci Mane ne parle que d'une seule chose : sa panoplie de bijoux. On l'entend les vanter, déclarer son amour pour eux, et même les embrasser sur l'introductif "Hurry". Seules quelques allusions aux stupéfiants et des considérations pornographiques, ça et là, le détourne de sa passion pour ses montres, pour ses diamants, et pour ses chaines en or. Il pousse le matérialisme rap à son extrême, déclarant sur "Game" que si ça ne fait pas de dollars, ça ne fait aucun sens. Il le fait tant et tant, avec un tel goût pour la formule et un tel sens de l'absurde, que ça en est irrésistiblement drôle.
Et puis il y a les tubes, comme "Wasted" avec Plies, un single sex, drug & rap'n'roll, qui sera l'un des succès de Gucci Mane et qu'il recyclera sur son album The State vs. Radric Davis. Comme aussi le très mélodique "Game", avec Kourtney Money et OJ Da Juiceman, qui se distingue avec bonheur du reste de la mixtape, grâce à ses cuivres ensoleillés et à ses tons quasi reggae, tout autant que "Perfect Diamonds" et "Pussy Rehab" avec leurs nappes atmosphériques, et l'exposé par le rappeur de ses fantasmes lesbiens sur "Girls Kissing Girls", avec Nicki Minaj.
C'est grâce à cela que Gucci Mane réussissait son coup, et qu'il inaugurait avec Writing on the Wall une nouvelle période faste. Quelles que soient ses évolutions de style, comme ce flow estimé parfois plus complexe et plus agile qu'autrefois (des évolutions tellement progressives et organiques qu'elles en sont d'ailleurs à peine perceptibles), ce qui a toujours fait aimer Guwop, c'est au contraire sa constance, cette manière de décliner à l'infini, comme pour un produit de série, mais avec succès, le registre inauguré dès le fondamental Chicken Talk en 2006.
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