Au début des années 2010, c'est comme si le rap connaissait une nouvelle jeunesse. Plus que jamais, il occupe le haut de l'affiche. De nouveaux collectifs tels qu'Odd Future ou TDE captivent alors l'attention des médias. Comme toujours, la Californie fascine l'intelligentsia, ses artistes bénéficient d'un primat. Pourtant, ce n'est pas tant ces derniers qui capturent l'esprit de l'époque, pas plus que les stars de la dernière décennie Jay-Z et Kanye West, embarqués plus que jamais dans leurs délires mégalomaniques avec Watch The Throne. Le vrai élément marquant de ce début de décennie, c'est la sortie l'année passée du détonnant Flockaveli, et les répliques que ce tremblement de terre ne cesse de provoquer.
Ces secousses, on les entend dans les dernières livraisons des artistes MMG, Rick Ross et son protégé Gunplay, transportés par la sauvagerie de sons à la Lex Luger. Ou dans le retour marquant, entamé en 2009, des anciens héros de Memphis Juicy J et Project Pat, Ou encore dans la forme cinglante des héros de la trap music, les anciens tels que Jeezy, mais aussi les nouveaux comme Future, et les rappeurs Duct Tape, Alley Boy et Trouble, alors au sommet de leur fureur.
Il y a encore de la place pour de vieux rappeurs respectables tels que les Roots, ou encore pour le rap patchouli de Drake, l'Elton John du rap, qui sort alors ce que beaucoup considèrent comme son chef d'œuvre. Il y a aussi le cloud rap, ce hip-hop atmosphérique et ouaté, dont 2011 est aussi la grande année. Et comme si tout ce tumulte les stimulait, quelques vieilles gloires du rap du gouffre chères à nos cœurs sortent des disques réussis, comme Noah23 et Serengeti. D'autres personnes émergent encore de cet underground, comme l'allumé Danny Brown, ou les brutes de Death Grips. Mais avec leur rage ces gens adoptent aussi, pour notre grand bonheur, la tonalité sauvage de l'époque.
Originellement publiée au cours de l'année 2014, cette rétrospective a été révisée et enrichie plusieurs fois depuis.
NOS 20 ALBUMS
S'il fallait ne retenir que 15 œuvres de l'année rap 2011, alors notre choix se porterait sur les suivantes. Pour le moment.
Après une première carrière passée au sein du duo Playaz Circle sous le nom de Tity Boi, 2 Chainz connait la consécration sur le tard. Il incarne alors comme nul autre la musique de sa ville, Atlanta, et le son de son époque, la trap music, sur un mode loufoque et énergisant. Il le fait notamment sur cette mixtape référence, bourrée d'invités de premier plan et remplie de titres jubilatoires.
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ALLEY BOY & DJ DRAMA - Purgatory
2011 est la grande année d'Alley Boy. Ce n'est pas une mixtape remarquable, mais deux, que le rappeur d'Atlanta, apparu auprès de Gucci Mane, sort cette année : la suite de sa Definition Of F#ck Sh*t, mais aussi la très attendue Purgatory, l'une comme l'autre remplies de l'urgence et de l'intensité d'un homme qui a connu pour de vrai les aspects les plus glauques de la vie de rue.
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Sorti alors qu'il purge déjà la longue peine de prison qui a stoppé sa carrière, Vigilante Season est comme tous les autres projets de Max B. Inégal, sans structure, il compile des standards et des inédits où le rappeur fantasme sa vie avec son phrasé chantonnant et marmonnant. Cependant, il comble alors un vide : ce sera là le seul album en bonne et due forme pour le New-Yorkais.
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Il y a de tout chez Danny Brown, le rappeur à la grande mèche et aux dents cassées. Du boom bap classique et du rap bizarre. Des paroles de drogués et du rap "conscient". De l'humour et de la gravité. Aucun titre ne ressemble au suivant, et c'est précisément ce qui fait l'intérêt du rappeur de Detroit. Sur le tard, ce vétéran consacre avec XXX son entrée dans la cour des grands.
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Le deuxième album de Dessa n'est pas un inédit. A mi-chemin de la compilation et du disque live, il réinterprète avec ses musiciens de scène ses titres du passé. Castor, The Twin est solide, l'émotion demeure, ces nouvelles lectures ne sont pas déplaisantes. Mais parce qu'elles sont plus précieuses et maniérées, on n'y retrouve pas toujours la qualité et la fraicheur du matériau de départ.
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FRENCH MONTANA, JUICY J & PROJECT PAT - Cocaine Mafia
Du Three 6 Mafia rénové et revigoré, avec tout ce qu'il faut d'outrances en matière de sexe, de drogue et de violence. Ajoutés à cela, de la brutalité à la Waka Flocka, des bulldozers sonores à la Lex Luger (voire avec Lex Luger) et un nouveau copain venu du Maroc via New-York, le tout sur une mixtape aussi généreuse que générique, Pas de doute, Cocaine Mafia, c'est du pur 2011.
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Si le second Dirty Sprite, en 2015, est considéré par le complexe médiatique comme l'apogée de la carrière de Future, le premier volume est son véritable point de départ. C'est encore, à ce stade, de la trap music entêtante et absurde dans la lignée de Gucci Mane. Mais déjà, avec cette voix chaude, cette posture de drogué fini et quelques autres détails, s'entrevoit le Future du futur.
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FUTURE & THE EMPIRE - True Story
2011 est l'année de l'avènement pour celui qui, donnant raison à son pseudo, deviendra l'un des plus grands rappeurs des années 2010, l'un de ceux qui définiront le son de la décennie. Future le bien-nommé y émerge grâce à une suite de mixtapes remarquables, dont celle-ci, True Story, qui comporte quelques-uns de ses morceaux emblématiques, comme "Magic" et "Tony Montana".
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GUNPLAY & DJ P-CUTTA - Off Safety
C'est au début, toujours, que l'infréquentable Gunplay donne tout ce qu'il a dans le ventre. Au début de cette mixtape, Off Safety, avec son enfilade de bangers dévastateurs emmenés par "Rollin'". Au début de sa carrière, aussi, vu qu'en dépit du soutien de Def Jam, aucun de ses albums officiels n'égalera les conflagrations qu'ont été ses sorties gratuites de 2011, son année de folie.
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Gunplay n'y va pas de main morte. Ses raps sont furieux, ses paroles féroces, sa posture bestiale, ses sons brutaux : tout nous agresse avec la lourdeur implacable d'un panzer lancé à l'assaut des plaines russes, sur ce projet d'une sauvagerie totale signé par ce protégé de Rick Ross au charisme incroyable. Ainsi tonne une grande et grosse voix des années 2010, tendance barbare.
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JAY-Z & KANYE WEST - Watch The Throne
A la fin des années 90, Jay-Z a dominé le rap. Il a encore régné tout au long de la décennie 2000, avec son compère Kanye West. Et en ce début des années 2010, même s'ils n'ont plus rien d'autre à faire que célébrer encore leur propre réussite, les deux empereurs du rap ne semblent pas prêts à vouloir quitter leur trône, à en croire cet album flamboyant enregistré en commun.
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On a cru Mac Lethal condamné aux poubelles de l'histoire et disparu de la mémoire collective, tout comme la scène rap indé du début des années 2000 dont il est issu. Il réapparait pourtant en 2011, au profit d'une vidéo où il se met en scène en train de rapper en cuisinant des pancakes, ainsi que de cet album, Irish Goodbye, son œuvre la plus grand public, au bon sens du terme.
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MOUSE ON THA TRACK - Swagga Fresh Freddie
Pimp C décédé, Webbie et Lil Boosie empêtrés dans des démêlées judiciaires, il revient à Mouse On Tha Track de poursuivre l'aventure du label Trill Entertainment, au début des années 2010. Passant au micro, délivrant ses sons typiques inspirés par Mannie Fresh, le producteur de Baton Rouge relève le défi le long d'une mixtape enjouée et remarquablement homogène.
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Dix ans après avoir conquis sa place au sein de l'internationale hip-hop indé, le rappeur fou de Guelph, Noah23, met un peu d'eau dans son vin. Avec son arrivée sur le label Fake Four, il se fait moins ésotérique, plus sage et plus emo. Au bout du compte, ce très réussi Fry Cook On Venus n'est peut-être pas son album le plus marquant, mais il est sans doute son plus accessible.
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Sur le tard, après deux décennies d'existence, les Roots sortent un album concept qui nous conte l'histoire d'un jeune Noir emporté par les facilités et les dangers du trafic de drogue. Un disque éclectique, où leur rap se mâtine de jazz, d'indie rock, de soul, de funk et de classique. Et pourtant, sans doute, le plus compact et le plus cohérent jamais sorti par le groupe de Philadelphie.
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Anticon va bien à Serengeti. Pour son premier solo chez eux après des années de confidentialité, le rappeur de Chicago offre au label historique du rap indépendant un album qui nous ramène à ses fondamentaux : un storytelling malin qui se penche avec ironie sur les problèmes de la vie ordinaire, et une musique à mi-chemin exact des deux registres indé, le rap comme le rock.
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En 2011, le rap engagé n'est pas ou n'est plus un genre dominant. Néanmoins, il n'a pas disparu. Régulièrement, on en découvre des résurgences, comme quand Thurz met fin au rap coloré du duo U-N-I par un album solo politique et coléreux, où il revient avec des sons solides sur la bastonnade et les célèbres émeutes qui avaient enflammé sa ville de Los Angeles, vingt ans plus tôt.
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TITY BOI - Codeine Cowboy: A 2 Chainz Collective
Et si la mixtape cruciale de 2 Chainz, c'était celle-ci, Codeine Cowboy ? Celle, précisément, où l'ancien Tity Boi adopte le pseudonyme avec lequel il deviendra, sur le tard, avec sa trap music loufoque et ses collaborations réjouissantes, l'une des têtes d'affiche du rap de la décennie ? Conçue avec cette envie évidente de réussir, elle a la vertu d'être remplie de titres très addictifs.
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L'autre figure du collectif Duct Tape après son chef de file Alley Boy, c'est Trouble. Tout juste sorti de prison, cet autre rappeur d'Atlanta prouve sa valeur avec une mixtape dans le registre du criminel endurci mais sensible, qui passe de titres martiaux et insolents à d'autres, plus introspectifs et vulnérables, où il évoque ses amis restés en taule ou sa grand-mère en chaise roulante.
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YOUNG JEEZY - The Real Is Back 2
En 2011, Jeezy est un peu moins Young qu'avant, mais il est toujours vaillant. Il le démontre avec deux mixtapes sorties coup sur coup, intitulées de façon tout à fait appropriée The Real Is Back. Plus courte, plus riche en tubes, la seconde est la plus digeste. Elle a aussi le mérite de donner la part belle à celui qui est alors la nouvelle recrue du label CTE : un très grand Freddie Gibbs.
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LE CLASSEMENT DES LECTEURS
Danny Brown très loin devant. Tel est le verdict sans appel des lecteurs, à qui on a demandé de désigner leurs albums rap préférés de 2011. On en soupçonne un ou deux d'avoir voté plusieurs fois, mais enfin, on imagine que la vue d'ensemble est tout de même l'aperçu assez fiable de vos goûts.
- DANNY BROWN - XXX
- JUICY J & LEX LUGER - Rubba Band Business 2
- CURREN$Y & THE ALCHEMIST - Covert Coup
- DJ QUIK - The Book Of David
- STARLITO - @ War With Myself
- DON TRIP & STARLITO - Stepbrothers
- GUCCI MANE -The Return Of Mr Zone 6
- KENDRICK LAMAR - Section.80
- TROUBLE - December 17th
- FREDDIE GIBBS - Cold Day In Hell
- VIRUS - Le choix dans La date
- A$AP ROCKY - Live.Love.A$AP
- BIG K.R.I.T. - ReturnOf4Eva
- JOE BLOW - You Should Be Paying Me
- WAKA FLOCKA FLAME - DuFlocka Rant
Classement arrêté le 28 avril 2023.
AUTRES SORTIES NOTABLES
Pour finir, un florilège d'albums et de mixtapes trop imparfaits pour rejoindre la sélection, mais qui donneront un aperçu plus représentatif de ce qu'aura été le rap, en cette riche année 2011. Une liste à compléter encore, bien sûr.
ALLEY BOY & THE EMPIRE - Definition of F#ck Sh*t 2
En 2011, cette bonne vieille Atlanta n'a pas fini de nous fournir en rappeurs mordants et percutants, en particulier dans le registre de la trap music. Après une Definition of F#ck Sh*t déjà remarquée en 2010, Alley Boy, le fondateur du collectif Duct Tape, le démontre avec cette suite, une mixtape remplie d'invités prestigieux et de bangers. Ici, rien de véritablement neuf, mais que de bon.
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ASTRONAUTALIS - This Is Our Science
A présent chez Fake Four, comme tant d'autres vétérans de la scène rap indé d'hier, Astronautalis a livré l'un de ses disques les plus satisfaisants. Plus constant que certains, moins propret que les autres et richement doté en crescendos intenses et en jolies ballades, le bien nommé This Is Our Science atteint un très bon équilibre dans sa fusion entre l'indie rock et l'indie rap.
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Bienvenue dans le rap post-géographique. En 2011, en effet, avec l'aide de la scène de Compton, une Australienne blonde peut s'imposer en reprenant les codes, les outrances et l'accent du rap sudiste. Hommage à l'art véritable qu'est ce dernier, Ignorant Art est une mixtape réussie, et un tremplin pour Iggy Azalea, qui empruntera après la voie balisée d'une dance-pop grand public.
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Thesis Sahib, SJ The Wordburglar, les garçons pleins de ressource de Toolshed, et d'autres encore, soit un total de dix-neuf personnes. Tout ce que le Canada compte de rappeurs atypiques et inventifs s'est réuni sur ce disque collectif, une suite riche de posse cuts qui respire l'entrain, la bonne humeur, la fantaisie, dans des proportions quasiment inédites depuis l'époque old school.
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20 Odd Years flirte avec le mauvais goût, il comporte des fantaisies superflues. Mais aux commandes, c’est toujours ce bon vieux Buck 65. C’est le même bonhomme, avec tout juste plus de moyens, dont l’inventivité n'est pas remise en cause. Et même si, à l’occasion, ce nouveau disque pour Warner s’approche dangereusement de la variété, une comme celle-là, on en redemanderait.
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J. COLE - Cole World: The Sideline Story
C'est un disque de vieux, que nous offre J. Cole avec son premier album. Attendu au tournant après une poignée de mixtapes remarquées, le protégé de Jay-Z s'interroge sur les relations homme/femme, sur le rapport père/fils, le tout sur des sons riches, luxuriants et orchestrés, débordant de pianos et de violons, livrant ainsi un rap adulte et musicalement accompli, quoiqu'assez tiède.
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COUSIN FIK - Hacksaw Ben Thuggin'
Cousin Fik était, en 2011, l'une des pousses les plus fraiches de la grande famille Sick-Wid-It et de la clique à E-40. Avec cette mixtape, faisant suite à un No Gravity fort remarquable, il n'est en rien dépareillé avec son rap riche en propos licencieux et bâti sur l'héritage du mouvement hyphy. Il ne dénote pas, sinon par la qualité de cette sortie où les déchets se montrent plutôt rares.
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Après la mort, le rêve. Quelques mois après le très bon Death Is Silent, Kno délivre un autre album-concept sur des compositions généreuses et éthérées. L'exercice est moins convaincant. Ce qui convenait à son aventure solo entre parfois en conflit avec les raps de ses compères. Oneirology n'en est pas moins un jalon de plus dans la discographie conséquente des CunninLynguists.
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THE DAYTON FAMILY - Charges Of Indictment
En ce début de décennie 2010, il n'y a pas que les jeunes recrues de la trap music qui assurent. Certains vétérans de la décennie 90 s'en sortent pas mal non plus dans un style voisin, celui du gangsta rap à relents horrorcore, à l'image du trio de Flint, Michigan, la Dayton Family, des brutes épaisses toujours vaillantes sur Charges Of Indictment, un huitième album violent et dévastateur.
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Si la première mixtape de Death Grips agite le monde des hipsters, ce n'est pas sans raison. Avec les braillements de MC Ride et les sons abrasifs de Zach Hill, le groupe de Sacramento réinvente le hip-hop expérimental, ainsi qu'un genre dont on pensait avoir fait le tour, la fusion entre rock et rap. Conseillé, à tous ceux pour qui mélomanie doit se confondre avec masochisme.
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DON TRIP & STARLITO - Step Brothers
Une valeur montante et un vieux briscard qui vient de se réinventer en gangster blessé, tous deux issus du Tennessee et admirateurs l'un de l'autre, unissent leurs forces et leurs styles respectifs sur cette mixtape enregistrée de manière spontanée, et si appréciée qu'elle donnera lieu à une suite deux ans plus tard. Assurément, l'une des grandes rencontres rap de l'année 2011.
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Un garçon coopté par l'intelligentsia de sa culture, et qui pourtant, avec ses ballades mielleuses, ses mélodies en patchouli et ses sons attrape-tout, brouille ses frontières avec d'autres musiques. Un homme qui, en se fondant totalement dans la variété internationale, deviendra, et de loin, l'un des artistes les populaires de toute sa génération. Elton John en 1970 ? Non, Drake, en 2011.
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E-40 - Revenue Retrievin': Graveyard Shift
On ne l'arrête plus. En un an, E-40 a sorti quatre albums remplis à ras-bord, la suite des Revenue Retrievin', et embrayé aussitôt avec d'autres séries du même type. Les disques du vétéran californien ayant toujours été inégaux, il faut parfois de l'abnégation pour s'engager dans la découverte de ceux-ci. A ceux qui en manqueraient, conseillons toutefois l'opressant Graveyard Shift.
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ELIGH & AMP LIVE - Therapy At 3
Après des années passées au fond du gouffre à cause de vilaines addictions, suivi de disques hasardeux, le membre le plus doué des Living Legends sort en 2011, avec l'aide d'Amp Live de Zion I, un Therapy At 3 tantôt léger, tantôt introspectif, soutenu comme toujours par son phrasé rapide et par son sens musical. Pas irréprochable, mais son meilleur album depuis longtemps.
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Il aura fallu le temps, mais finalement, la capitale des Etats-Unis est devenue elle aussi une place forte rap. Si au début des années 2010, Wale est encore cité, le vrai rappeur important de Washington, c'est lui, Fat Trel, qui a su réinvestir de manière dévastatrice le triptyque drogue, argent et filles faciles, et dont l'inégale mais sauvage April Foolz est l'une des meilleures mixtapes.
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Trois ans après Starshipz & Rocketz, G-Side place définitivement Huntsville, Alabama, sur la carte du rap. Le duo le fait dès le premier janvier, en sortant un The One... Cohesive emblématique de ce rap "nuageux" dont les nappes de synthé deviendront le son emblématique de l'année, ces beats vaporeux se conciliant de manière inattendue au registre terre-à-terre de Clova et ST.
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2011 a été l'année du cloud rap, 2011 a donc, logiquement, appartenu à G-Side. Le duo de Huntsville, Alabama, termine l'année comme il l'a commencée avec The One... Cohesive : par un album dans l'ensemble réussi, typique de ce genre de rap rempli de nappes atmosphériques, par un iSLAND rempli de compositions cinématiques et aérées concoctées par les Block Beataz.
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FREDDIE GIBBS - Cold Day In Hell
Cette mixtape est emblématique de la période CTE de Freddie Gibbs, celle où le natif de Gary est cornaqué par Jeezy, celle pendant laquelle, espérant sans doute le succès, il diversifie sa formule avec une coloration trap music, et d'autres variations encore. Comme la plupart des projets de cette époque, celui-ci se révèle inégal, mais il contient quelques-uns des standards du rappeur.
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GUCCI MANE & FUTURE - Free Bricks
Une mixtape parmi tant d'autres, sortie par Gucci Mane au sommet de sa carrière. Mais aussi, quelque part, un passage de témoin. Alors que le maître est en forme, Future joue les seconds rôles, il n'est alors qu'un rappeur trap de plus. Cette brique gratuite, néanmoins, l'aide à poser les bases de la carrière qu'on sait. Collaborent ici l'actuel et le futur rappeurs phares d'Atlanta.
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JESSE DANGEROUSLY - Humble & Brilliant
Il aura fallu trois années au vétéran de l'underground rap canadien Jesse Dangerously, pour enregistrer cet album concept où se mêlent titres drôles, morceaux pêchus et passages introspectifs, un disque où il a fait tout tout seul, raps, beats, scratches, ajouts de "vrais" instruments, et qui s'avère son plus abouti à ce jour. Alors, Jesse D., "Halifax rap legend" ? Oui, pour de vrai.
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JUICY J & LEX LUGER - Rubba Band Business 2
Avec ce second Rubba Band Business, Juicy J poursuit sa troisième décennie d'activité en s'arrogeant une fois encore les services du producteur emblématique de l'époque. Et leurs seize années d'écart ne s'entendent pas. Avec Lex Luger, et quelques autres acteurs clé de la nouvelle génération, l'ancien Three 6 Mafia délivre une mixtape gargantuesque et pleinement contemporaine.
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Lady Leshurr, rappeuse britannique emblématique des années 2010, se fait connaître une première fois avec cette mixtape qui contient le morceau du succès, une relecture du "Look at Me Now" de Chris Brown. Ici, sur le mode du freestyle, l'artiste de Birmingham montre aussi qu'elle doit autant au rap américain le plus débridé et le plus extravagant, qu'au grime anglais.
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Avec le titre de ce projet, Lil Wayne s'excuse de s'être fait attendre avant la sortie, cette fois imminente, de Tha Carter IV. Mais il est déjà trop tard. Il ne sera plus au centre du rap, en cette décennie 2010 dont il a pourtant posé les bases. Déjà, beaucoup se désintéresseront de lui, dès la sortie de ce Sorry 4 The Wait qui, pourtant, pourrait bien être la dernière de ses grandes mixtapes.
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MAYBACH MUSIC GROUP - Self Made Vol. 1
C'est un bien étrange et éclectique attelage que Rick Ross a réuni pour monter son label. Wale, Pill et Meek Mill proviennent d'horizons différents et ils ont des styles distincts. Mais sur cet album en commun, ils marchent tous sur les pas du patron, livrant quelques morceaux coups de poing dans la lignée de "B.M.F.". Même si ça sent parfois le réchauffé, ça ne peut pas être mauvais.
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AKUA NARU - ... The Journey Aflame
Akua Naru, c'est l'exemple même du rap premier de la classe. Ancrage fort dans la tradition musicale afro-américaine, pose de poète, goût prononcé pour les "vrais" instruments, ouverture sur le monde, messages convenus sur les femmes fortes et sur la misère du ghetto. Toutes les cases sont cochées. Mais la production des Allemands de The Drumkidz, décisive, prémunit de l'ennui.
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Il aura fallu que Neila traverse sa plus mauvaise passe pour qu'elle délivre ce qui pourrait être son meilleur album. Déclamé d'une voix abimée par un cancer des cordes vocales, avec les beats pesants de Rezult et les scratches sinistres des DJs Skid et Handprints, Only This One Counts est le grand disque de la rappeuse. Il est son plus éprouvant, son plus poignant, son plus intense.
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Le soleil de Californie préserve les rappeurs. C'est en tout cas ce que confirme le huitième album de DJ Quik, bénéficiaire à raison d'un succès critique conséquent, et qui, avec l'appui occasionnel d'autres vétérans comme Kurupt, Ice Cube ou Suga Free, creuse son sillon habituel post-g-funk, avec ses beats très musicaux, ses saveurs funky, et en prime quelques étrangetés bienvenues.
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Parmi cette collection de rappeuses, pas toutes noires, qui ont fait irruption au début des années 2010, distinguons Snow Tha Product. Rappant avec un débit rapide sur des morceaux idéalement courts son envie d'en découdre et de ne pas succomber aux clichés, l'Américano-Mexicaine a concrétisé, sur un premier album sorti en indé, la bonne impression laissée par ses singles.
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Avec All 6's And 7's, la carrière de Tech N9ne franchit un palier. Marqué par la présence de Lil Wayne, B.o.B., Snoop Dogg et d'autres, c'est à ce jour son album le plus grand public. Les fans, pourtant, n'ont pas lieu d'être déçus avec ce disque aussi fourni que les précédents. Car comme il le dit lui-même, Tech n'a pas tourné mainstream : c'est le mainstream qui a tourné Tech.
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Goblin ne pouvait pas laisser indifférent. Trop de polémiques, de désaccords et de débats autour de ce collectif, Odd Future, qui a nourri la hype à partir de 2010. C'est pourtant un jugement nuancé que mérite ce premier album de Tyler, qui allie avec maestria les outrances d'un rap de forcené à un son rêche et abrupt, mais qui se révèle trop inégal pour être le chef d'œuvre attendu.
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YOUNG THUG & DJ SWAMP IZZO - I Came From Nothing
Sur sa première mixtape, Young Thug se fond encore dans le moule. Il délivre une trap music comme cela se pratique alors à Atlanta, avec en plus l'influence forte et explicite de Lil Wayne. Les expérimentations et les raps de chien fou viendront après. Mais déjà, à travers ses moments fantaisistes et possédés, on devine que celui qui dit venir de rien s'apprête déjà à devenir quelqu'un.
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Mixtape indisponible
5200 joue son rôle de mixtape. Il s'agit d'un projet annexe, regroupant des morceaux déjà sortis, en ligne, par Z-Ro. Compilant aussi bien des inédits que des freestyles ou la rénovation d'un vieux titre, piochant des sons autant dans un vieux funk classieux que dans de la new wave, elle est composite et très inégale. Mais comme toutes les sorties de Z-Ro, elle mérite le détour.
Autres sorties notable :
-MMG : Self Made Vol.1
-Shabazz Palaces : Black up
-T-Rock & M.C. Mack : The President & Da Undaboss
-Mr. Muthafuckin' eXquire : Lost in Translation + Merry eX-Mas & Suck My Dick
-Slim Thug : Welcome 2 Texas vol.2
-Boss Hogg Outlawz : Serve & Collect III
et pour le fun :
Bon Appetit .... Bitch!!!!! (Action Bronson)