Gutter City Entertainment :: 2012 :: télécharger la mixtape

"Soul", on vient d'expliquer pourquoi. C'est à cause des emprunts aux artistes issus de ce genre, d'illustres anciens comme Aretha Franklin, ou des stars plus récentes comme Amy Winehouse, dont Tree est ouvertement fan et à laquelle il dédie le titre d'un morceau. "Trap", c'est parce que son arrière-plan synthétique et ses motifs rythmiques trépidants s'inspirent du trap rap, de cette musique pour trafiquants de drogue en vigueur dans le Sud ; parce que sa voix même, éraillée, rocailleuse, parce que son phrasé agressif et bancal, semblent tous venir de là-bas. D'ailleurs, cette mixtape, c'est dans la capitale de la trap que l'homme de Chicago l'a enregistrée, à Atlanta, histoire de s'imprégner de l'esprit de l'endroit.

Cette fusion soul trap, Tree l'opère aussi par ses textes. Ce rappeur qui, comme ceux de la scène drill, a grandi au cœur d'un Chicago marqué par une violence endémique et a touché au deal de drogue, ne se présente pas comme un ange. Ses paroles, pour autant, ne se limitent pas au slogan ou à l'outrance. Elles exposent le détail d'un parcours difficile, dont il a surmonté les embûches ("Made It"). Elles creusent le thème ancestral du conflit entre vice et spiritualité, souligné par des samples à connotation religieuse, comme le "Lord, don't let me die" de "Die". Le rappeur, plusieurs fois, questionne son statut de pécheur, une posture qui, avec son côté hurleur éploré, lui a valu d'être comparé parfois à un bluesman.

Blues, soul, trap. Ca fait beaucoup pour un seul homme. Mais Tree, en effet, c'est tout ça. Comme personne, il assimile, il restaure et il rénove tout l'héritage des musiques afro-américaines sur cette mixtape totalement neuve et originale, véritable manifeste d'un nouveau style, dont la suite, un très bon Sunday School 2 sorti en mai 2013, a confirmé davantage encore la pertinence et la richesse.