Au cœur de la nouvelle vague de la trap music d'Atlanta, il y a bien sûr le collectif Duct Tape Entertainment. Et en son sein, parmi d'autres, se trouve Eldorado Red. Ce dernier, cependant, n'est pas tout à fait un nouveau venu. Avant de se lier à Alley Boy autour de 2010, puis de rejoindre sa bande, il a trainé un temps sur la Baie de San Francisco, et fréquenté The Federation et leur producteur, Rick Rock, qu'il avait connu en Alabama, l'un des deux endroits où il a passé sa jeunesse, avec Harlem. Par ailleurs, récemment, le rappeur a rejoint le CMG de Yo Gotti.

ELDORADO RED - White Power

Duct Tape Entertainment :: 2013 :: télécharger la mixtape

Celui qui se fait aussi appeler le "Jeffe", ou tout simplement Rado, a donc roulé sa bosse, et il n'est pas un pur produit d'Atlanta, ni même du Sud. Sa dernière mixtape, cependant, ne dépareille pas une seconde parmi celles de ses amis. L'homme, qui a emprunté son pseudonyme au titre d'un roman de Donald Goines (influence habituelle pour tout rappeur d'obédience gangsta), donne en effet sans ambages, sans morale et sans restriction dans des histoires de drogue, de cartels et de trafics. C'est d'ailleurs à cela que se rapporte le titre de ce projet, White Power : pas "le pouvoir aux Blancs", non ; mais plutôt "le pouvoir à la blanche".

Les stupéfiants, la délinquance, l'argent, la dureté et la violence du ghetto, la guerre de tous contre tous, les bitches : il n'est question que de cela, du registre habituel, même sur l'introspectif titre d'introduction avec Yo Gotti, "How Could I Forget", assez splendide avec ses cordes et ses chants féminins éplorés. Avec ces thèmes, avec aussi ces synthétiseurs théâtraux, ça marche sur les pas du dieu local du trap game, un Gucci Mane dont Eldorado Red va jusqu'à reprendre le ton, le phrasé trainard et les rimes simples en forme de comptine sur "I Love".

Mais souvent, c'est très bien, voire bluffant, en particulier sur les tout premiers passages de la mixtape : les deux titres mentionnés plus haut, mais aussi cet atmosphérique "Loyalty" où le rappeur, Alley Boy et Bambino Gold s'essaient au cloud rap, l'apocalyptique "Concrete Jungle" et ce "Tractor Trailer" où Rado joue d'un rappé / chanté sur Auto-Tune à la Future. Passé ce début parfait, on revient à de la trap music débitée au mètre, à de la came plus ordinaire, malgré quelques tentatives de banger comme "Smack Money", "Warfare" ou encore "Young Nigga".

Sur la longueur, White Power n'atteint donc pas la qualité des meilleures sorties de Trouble et d'Alley Boy, les représentants les plus éminents du collectif d'Atlanta. Reste qu'une partie significative de son contenu vaut amplement son pesant de poudre blanche. Recommandé, vous jetterez par vous-même les doses en trop.