G&E Records :: 2003 :: acheter cet album
La recette avait peu évolué. En parfait homme à tout faire, Eligh s’occupait de tout, comme toujours. Les paroles, les sons et la pochette (immonde, comme d'hab') étaient de lui. Son phrasé, affûté et rapide, dominait le disque. Tout juste quelques comparses des Living Legends (Bicasso, Murs, The Grouch, PSC, Sunspot), un autre acteur clé de l'underground californien, Abstract Rude, ainsi que sa propre mère, la chanteuse Jo Wilkinson, venaient-ils l’épauler ci ou là.
Il y avait pourtant un truc en plus. Du soyeux "Pattern Traps" au trépidant "3 Minute Rip Down", Poltergeist dévoilait, avec ses teintes électroniques, son refus de la routine des boucles, ses passages délicats ("A Poet Sits"), plus de diversité et plus d'ampleur qu'avant. Marqué par les addictions d'Eligh à la drogue et à l'alcool, c'était aussi un album plus noir, presque glauque, auquel John O'Kennedy et Robert Miranda, des guitaristes, apportaient parfois un supplément de musicalité.
Eligh s'y montrait capable d’aligner de vrais tubes, avec la suite formée par "Ancient Grandfather", le mélodique "The Mountain" et, avec Bicasso, le dansant et bien nommé "Funk". Ou au contraire, avec cette fin profonde et paisible, il se posait et jouait de la corde sensible ("M.I.C.helle", "To Angela The Last Love Song", "Meditation" et surtout "A Poet Sits"). Poltergeist semblait alors être la grande oeuvre du rappeur, son opus magnus. Le suivant, Enigma, lui serait pourtant supérieur encore. Il pousserait à son terme la logique, poursuivant l'évolution d'Eligh vers un rap toujours plus riche, mystique et musical, avant que ses sérieux problèmes de drogue n'entament sa créativité pour plusieurs années.
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