Les débuts de Nigalooh Damon, alias Zest the Smoker, ne datent pas d'hier. Ils remontent à ses collaborations avec le producteur californien Peanut Butter Wolf, au milieu des années 90. Après avoir participé au EP Step On Our Egos?, il a rappé sur le prodigieux "Interruptions", distribué en 1997 en complément du magazine Strength, avant de se retrouver sur l'album My Vinyl Weighs A Ton, deux ans après. Et dès 2002, le disque dont il est question ici était déjà enregistré.

ZEST THE SMOKER - Death at… 27

Cependant, à cause de problèmes personnels et financiers, et après d'autres projets musicaux qui n'aboutirent pas davantage, il aura fallu attendre que son ami Dave Dub lui dégote un contrat de distribution, via Legendary Entertainment, pour que Zest révèle enfin ce premier album au grand jour.

A en croire Zest the Smoker lui-même, le RZA aurait songé à l'embarquer dans un troisième épisode de l'aventure Gravediggaz après avoir entendu les épreuves de ce disque. Difficile à vérifier, mais cela n'aurait rien d'étonnant, tant l'ambiance mortuaire de Death at… 27 est proche de celle prisée par les héraults du horrorcore, le côté parodique en moins.

D'abord, il y a ce titre lugubre ; ensuite, la tête de mort chromée de la pochette ; et enfin, ce contenu outrancièrement sombre. Des sons âpres et dissonants dominent Death At… 27, en effet, des bruits et des parasites ("My Ol' Nasty Habit"), des basses pesantes, des scratches parcimonieux ("Murder Psycho"). Et la production est extraordinairement épurée, comme avec ce "Death (Purgatory)" qui commence sans parole, puis se clôt par des raps accompagnés d'un seul son, lourd et intermittent. Et surtout, surtout, il y a cette voix.

Parfois, Zest dévoile un phrasé posé, lent et précis, lourd de menaces, il articule distinctement chaque mot et prolonge considérablement la dernière syllabe de chaque vers, usant d'un timbre très grave, d'une profondeur abyssale. Ou, à l'inverse, il se lance dans des raps rapides et trépidants ("The Smoker's Alive", "Murder Psycho (Max Murder III)"), sans que sa respiration ne le trahisse une seconde. Mais à chaque fois, le résultat est le même : oppressant, impressionnant.

Rien que pour entendre cela, rien que pour découvrir de grands tites tels que ce "Micalina" final, et malgré la froideur cadavérique de l'ensemble, il valait la peine d'attendre que Zest the Smoker daigne revenir d'entre les morts et nous offrir enfin, sept ans trop tard, ce grand disque noir et maudit.

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PS : je ne finirai jamais de lui rendre grâce. Une fois de plus, je remercie Pseudzero pour m'avoir orienté cers cet album.