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KINGS OF CONVENIENCE - Quiet Is the New Loud

Albums folk rock metal

KINGS OF CONVENIENCE - Quiet Is the New Loud

"Moi, ce que j’aime, avant tout, c’est le bruit". Ainsi s’exprimait l’une de mes collègues de travail, un jour, pour résumer des goûts musicaux dominés, comme beaucoup de gens nés au milieu des années 70, par le grunge, par Nirvana, par Noir Désir, et d’autres groupes populaires adeptes de guitares très sonores. Les années 90 sont celles où le bruit est définitivement devenu une chose normale, la bande-son de notre vie quotidienne. Aussi, la musique fonctionnant par cycle, par réactions successives, était-il logique que les années 2000 s’ouvrent, à l’exact opposé, sur un retour en force de la douceur, de la quiétude et de l’acoustique.

KINGS OF CONVENIENCE - Quiet Is the New Loud

Source :: 2001 :: acheter ce disque

Ce retour, peu de gens l’ont autant incarné qu’Erik Glambek Bøe et Erlend Øye, du duo norvégien Kings of Convenience, avec leurs têtes de premiers de la classe, leurs guitares sèches, leurs mélodies apaisées et leurs délicates harmonies vocales, qui leur vaudront une comparaison avec Nick Drake, et une réputation de nouveaux Simon & Garfunkel. Le second, DJ à ses heures, sera même l’un des acteurs de l’intrusion du folk dans la musique électronique, de la folktronica.

Sorti chez Source, avec le renfort de Ken Nelson (le producteur de Badly Drawn Boy et du premier Coldplay), et ne serait-ce que par son titre, Quiet is the New Loud, leur vrai premier album (il recyclait des éléments du précédent, passé quasiment inaperçu), sonnait comme le manifeste de ce retour à l’acoustique et à la sérénité. Et le contenu ne faisait pas mentir cet intitulé en forme de slogan.

Deux voix fragiles et mélodieuses, deux guitares, rarement électrifiées, une mélancolie rassurante, presque confortable, une dévotion profane pour l’être aimé. Voilà à quoi se résumait ce disque extrêmement homogène et dépouillé. Le duo offrait quelques variantes de sa recette, avec beaucoup de parcimonie : un doigt de violoncelle ; ici, un soupçon de boite à rythme et autres percussions très rares ("Toxic Girl", "Failure"), ou de piano ("The Girl From Back Then", "Parallel Lines") ; là, une touche très à-propos de bossa nova et de trompette ("Singing Softly To Me"). Mais rien qui ne remette en cause l’atmosphère indolente de l’ensemble.

Rien n’était hors-sujet sur Quiet is the New Loud. Rien, donc, ne faisait mentir le titre de cet album. Et c’était à la fois sa qualité et son défaut. La formule faisait mouche sur de charmants "I Don't Know What I Can Save You From", "Failure" et "Parallel Lines". Mais cet album souffrait aussi de son côté premier degré, d’un manque d’aspérité, d’un aspect trop unidimensionnel. Il ne franchissait pas toujours avec succès le fossé parfois très large qui sépare la joliesse de la beauté.

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