Cela fait un sacré bout de temps que Sixtoo n’a pas sorti de véritable album. La dernière fois, ce devait être en 2004, avec le mitigé Chewing On Glass & Other Miracle Cures. Depuis, certes, l’ex-Sebutones ne s’est pas complètement fait oublier. Il a sorti quelques maxis, il a réédité Duration et il a proposé Almost a Dot on the Map, une compilation des meilleurs titres de ses anciens disques. Il s’est agité aussi dans les coulisses du label montréalais Bully Records. Mais de nouvel album, pas la moindre trace. En 2006, il aura fallu se contenter de ce seul disque, un EP au titre de jean-foutre proposé dans une boîte sans pochette, un mix vite torché de quatorze plages à peine finies destinées à l’origine à alimenter samples et shows de DJ. Quatorze titres dont un seul, le dernier, excède les deux minutes.

SIXTOO - It's the Mindfuck Yo! Sit your Ass Down...

Bully Records:: 2006 :: acheter cet album

Cela ressemble au Sixtoo habituel avec ces jeux sur les percussions ("Soft Weapon", "Percussive Pentode"), ce goût pour les ambiances noires ("She Cried Wolf"), ces réminiscences de Can ("Silverfaced") et des Silver Apples ("Electrons"), ces scratches perdus dans la mélasse d’un dub du nouveau genre ("Soul Smudge") et ces saynètes musicales ("Cat Walk"). Mais cela a un fort goût d’inachevé. Dès que Sixtoo tient une bonne idée, il semble chercher à l’étouffer, comme sur "The Slow Robber". Seuls se distinguent les deux moments les plus longs et les plus riches en instruments : ce "Daytime Drama" en basse, clavecin, violoncelle, flûte et scratches aux faux airs de BO des années 70 ; et la mandoline insistante de cet "Antivandalism" final dont le titre sonne la fin de la récréation. Cela ne fait pas lourd, hormis pour les collectionneurs et les complétistes. Ceux qui n’entrent pas dans ces catégories patienteront donc encore avant un vrai album du Canadien.