Vous voyez la pochette, là ? Vous en prenez plein les mirettes avec toutes ces couleurs sans dessus-dessous, non ? Eh bien musicalement, c’est pareil. Vos oreilles auront droit au même sort que vos yeux une fois que vous aurez glissé le CD dans son lecteur. En pire. Hello World c’est un OVNI total, une collection de bidouillages extrêmes qui offre peu de prise et peu de points de comparaison, hormis peut-être avec Prefuse 73 pour ces milliards de découpages dans tous les sens où seraient notamment fondus de l'Aesop Rock et du Missy Elliott. Mais un Prefuse 73 dix fois plus radical et plus funky que l’original. Il y a des bouts de chansons sexy et faites pour remuer les fesses sur les six titres proposés par Jane Dowe, de véritables titres pop et un brin putassiers, des tubes potentiels. Mais voilà, notre DJ ne peut s’empêcher de parasiter tout cela en jouant comme une folle avec les logiciels musicaux qu’elle a elle-même conçus.

OH ASTRO - Hello World

Certes, ce n’est pas la première fois qu'elle sévit. Dowe a déjà fait étalage de ses talents de bricoleuse sur un Institutional Collaborative sorti chez Mille Plateaux et sur la compilation Deconstructing Beck qui s’amusait à trafiquer des morceaux de l'interprète de "Loser". Mais quand même, ici, c’est gratiné. Passe encore pour "Everything is Go!", son potentiel tubesque est finalement à peine masqué par les méfaits de la dame. Mais le très dépouillé et vaguement dub "Mizel", les "raps" de "All My Favorite" et la petit mélodie d’outre-espace de "Circuits Gleam" ont de quoi désarçonner le plus averti des auditeurs. Quant à "Resist" et à "Lame Arm Qwert", ils donnent carrément l’impression que le lecteur CD a rendu l’âme. Bon, comme toujours avec ce genre de démarche, il est difficile de dire si Dowe s’est contentée de tourner ses boutons n’importe comment ou si elle y a mis énormément de travail, si Oh Astro est la pop de l’an 5300 ou le plus pitoyable des exercices rétro-futuristes. Joker. Mais au moins, ça c'est sûr, Hello World est une satanée curiosité. Hé, les gosses, réveillez-vous, j’ai une bonne nouvelle pour vous : il existe encore des musiques capables d’emmerder vos parents.

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