Voici un groupe qui aura su se renouveler. Après s'être imposé comme un représentant du hip-hop du Midwest avec les albums Drums et Absorbing Playtime, avec son rap carré mâtiné de "vrais" instruments, après avoir frôlé la reconnaissance en côtoyant Cannibal Ox, Oddjobs a su se réinventer depuis son sabordage de l'an dernier, que ce soit avec la très convaincante fusion rock / rap du duo Power Struggle (Nomi et de DJ Deeltax) ou avec l'étonnant hip-hop jazz et industriel de Kill the Vultures (alias Anatomy, Advizer, Crescent Moon et à nouveau Nomi).

ODDJOBS - Expose Negative

Dernier album avant l'auto-dissolution, Expose Negative annonçait déjà les aventures futures, notamment celles de Power Struggle. Cet ultime disque était fait des mêmes harangues rap et des mêmes riffs durs et froids, du même post-punk, que ceux révélés un peu plus tard sur Arson at the Petting Factory. C'était encore une ébauche, une tentative, et ce n'était sans doute pas la direction que tous souhaitaient prendre au sein d'Oddjobs. C'était aussi un peu trop monolithique, malgré les sons originaux de "Another Lynlake", la mélopée barbare de "Static in the Attic", le long monologue de "Columbia River Bank" et l'instru inquiétante et récurrente des "Minus". C'était un peu moins accompli, c'était un peu moins bien. Mais de pas beaucoup.

De format court, traitant exclusivement et sur un mode acerbe de politique et d'amours déçus, l'album contient un quota conséquent de décharges rock plus convaincantes les unes que les autres. De la guitare abrasive et de la basse ronde de "Smoke" au magnifique "Stone Cold" renforcé par les raps d'I Self Divine des Micranots, en passant par le plus mélodique "Rather See You... Never" et ses scratches, par le synthétiseur et le saxophone de "Dear Parasite" et par l'intense "Bloody Knuckles", Expose Negative recèle des titres qui n'auraient pas dépareillé sur Arson at the Petting Factory. A la limite, tout cela sonne même plus naturel que les albums précédents, tout recommandables qu'ils aient été. Comme si chacun des rappeurs ici présents avait trouvé sa voie. Comme si leurs textures rauques et leurs timbres graves avaient, à la base, plus à voir avec du rock et des guitares qu'avec de jolies boucles hip-hop conventionnelles.

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