Daedelus, on l’aime bien, ça c’est sûr, mais pas forcément pour les bonnes raisons. On l’aime parce qu’il fréquente les bonnes personnes, parce que c’est le monsieur derrière les sons de The Weather, le projet commun de Busdriver et de Radioinactive qui avait donné lieu à quelques titres réjouissants. Cependant, sur la longueur et sur ses sorties solo, essentiellement instrumentales (si ce n’est les quelques Mike Ladd, Cyne et autres en featuring sur Exquisite Corpse), ce n’est jamais l’extase. Oh, bien sûr, ce n’est jamais honteux non plus. Ca s’écoute bien, ça s’apprécie. C’est le genre de disques dont on ne peut absolument pas dire du mal, parce que tout de même, il faut bien dire, ils sont plutôt bien fichus. Le genre de disques à se retrouver distribués par Ninja Tune, pour être mauvaise langue. Le genre d'albums bourrés d’idées et sans réelle faute de goût, mais pas à même pour autant de susciter l’enthousiasme. Ça manque de sel, de poivre, d’épices, si l’on déclare hors-jeu les saveurs exotiques de synthèse habituelles. Pour mettre cartes sur table, ça fait musique pour fils de bonne famille.

DAEDELUS - Denies the Day's Demise

Denies the Day’s Demise est donc un de ces disques sympas, un album qui, dans un souci de renouvellement, donne dans la samba. Certes, les albums précédents n’étaient pas tout à fait exempts de latineries (cf. "Escape Artist" et "Femme Fatale" sur A Gent Agent). Mais cette fois, le Brésil est au centre du jeu. Daedelus nous envoie sans détour au carnaval de Rio, avec pour bagages toutes les petites astuces électroniques et les musiques de film rétro dont il a le secret. Le beatmaker est un artisan, il sait marier des rythmes latins à un synthé presque trance ("Nouveau Nova" et "Like Clockwork Springs") ou inviter un chanteur pour un titre toute en langueur à murmurer au coucher du soleil à Copacabana, un cocktail à la main ("Viva Vida").

Indubitablement, des titres comme "Samba Legrand", "Bahia" et "Petite Samba" tiennent les promesses de danse et de fête contenues dans leurs titres évocateurs. C’est frais, intelligent et bien fait. C’est du Daedelus, c’est un nouvel album impeccable. Et à quelques petits moments d’émotion près, comme sur le joli "Sunrise", c’est également un disque inconséquent de plus. A vous de trancher, à vous de le qualifier, selon les critères que vous aurez choisi de retenir.

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