Les Shadow Huntaz n’ont pas tardé à donner suite au prometteur Corrupt Data. Valley of the Shadow est sorti tout juste un an après, et il est parfaitement comparable à son prédécesseur, tant sur la forme que qualitativement parlant. A nouveau, Breaff, Dream et Non crachent leurs raps nerveux et venimeux sur l’électronique travaillée et froide des deux frères Funcken. La seule petite nouveauté est l’apparition d’un quatrième rappeur, un Français des Hauts-de-Seine, sur le titre "Solsa". Mais sa prestation est brève, et c’est tant mieux, tant elle est ras les pâquerettes ("j’aime les filles mais pas les salopes", en gros). Cet invité n’est pas crédité sur la pochette, par ailleurs. Mais personne n’en voudra aux Shadow Huntaz pour cet oubli…

SHADOW HUNTAZ - Valley of the Shadow

Ce malheureux détail mis à part, Valley of the Shadow s’expose aux mêmes critiques que son prédécesseur. Son rap est manifestement animé par la volonté d’aller loin, de faire tomber les murs, d’effacer les frontières entre les genres. Mais il arrive bien tard, il n’est pas aussi neuf qu’il en a l’air. Les Shadow Huntaz n’inventent pas grand-chose. Certains ne les ont pas attendus pour donner dans la fusion entre musiques électroniques et hip-hop, dans le rap futuriste à la "2020", dans les délires verbaux et dans les paroles coupées dans tous les sens à la "Verbic". Cependant, les cinq ont gagné en cohésion. Cette fois, ils ont eu l’occasion de se côtoyer pour de bon plutôt que d'échanger des fichiers par le Web. Cette collaboration renforcée se traduit par certains titres comme "Massive", "Radically Necessary" et "Rulez of Engagement" où l’alliance entre rap et musique électronique fonctionne de façon optimale. Malheureusement, il n’en est pas ainsi de tout le disque. La glace se brise bien trop rarement.

Les Shadow Huntaz ont parfois été comparés à Anti-Pop Consortium. Le parallèle n’a rien d'absurde : trois rappeurs américains, des sonorités sombres et tarabiscotées et un label anglais de musique électronique de référence. Mais il y a tout de même une différence. Dans un cas, nous avions du bon rap électronique, dans un autre de la bonne musique électronique avec des raps par-dessus. C’est peut-être une nuance, mais elle n’a rien de négligeable.

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