Jusqu'ici, ça manquait de filles autour de Peanuts & Corn, et plus généralement dans le rap de Winnipeg. Saratonin vient de remédier à cela, en sortant en autoproduction cet album de huit titres où figurent de vieilles connaissances comme Yy et The Gumshoe Strut. Originaire de Calgary, la jeune femme a commencé par écumer les raves et par accompagner des DJs drum'n'bass à la fin des années 90. Son look atteste d'ailleurs de cette première période. Toutefois, un peu plus tard, elle s'est liée à des producteurs de hip-hop et elle a commencé à s'exprimer sur leur musique. Sirens est le résultat de ces collaborations. Pour autant, Saratonin ne rappe pas. Elle chante, sur des beats sombres et lents qu'elle qualifie elle-même de trip hop, avec en sus un peu de maniérisme façon R&B. Dans le registre habituel au genre, elle raconte des histoires de jeunes filles confrontées à la vie, d'amours déçus et de relations compliquées.

SARATONIN - Sirens

Toute en beats lourds, en basses pesantes, en nappes, en percussions tourmentées, en boucles fantomatiques, la musique est bonne. Les producteurs auxquels Saratonin s'est liée (Merky Waters, Kutdown, The Gumshoe Strut, Gnome) ne se sont pas moqués d'elle. Mais quelque chose ne colle pas entre le chant de la dame et le son des messieurs, comme si cette rencontre tardive entre Saratonin et le hip-hop n'avait pas encore porté pas tous ses fruits.

On voit où la chanteuse veut en venir, mais cela ne fonctionne pas toujours. Il y a des chantonnements irritants, des effets vocaux trop forcés. Ironiquement, les titres les plus marquants sont ceux où un compère rappeur apporte un peu de répartie à Saratonin ("Time", "Tables Turned", "She Never Learns"). Une autre plage mérite les honneurs, le posé "Phone Machine", où Saratonin n'est accompagnée que d'un beat simple et d'une guitare acoustique. Mais des titres comme "This Urge" et "Burnt by Angel" se montrent assez exaspérants.

C'est donc du fifty-fifty pour Sirens. Quatre bons titres s'opposent à quatre autres, plus discutables. On aimerait donc découvrir une suite, revenir à Saratonin quand la symbiose se sera améliorée avec ses amis producteurs. Mais aux dernières nouvelles, nous n'aurons pas cette opportunité : la chanteuse a décidé de quitter Winnipeg pour s'installer à Vancouver.

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